Après quelques heures, Furi appela Syn, sans obtenir de réponse. Il avait à peine raccroché que Ronowski le rappelait.
— Hey, tout va bien ?
Furi fronça les sourcils avant de finalement répondre avec un “ouiiiiiiii” interminable. Il comprit quelques secondes plus tard que, bien que Syn n’ait pas répondu, il s’était assuré qu’un de ses hommes le fasse, juste au cas où il le contacterait à cause d’un problème.
— Je vais bien. Je voudrais juste parler à Syn.
— Il est aux toilettes, répondit bien trop vite Ronowski.
— Sérieusement ? s’impatienta Furi. Passez-lui ce putain de téléphone !
Il y eut quelques bruits étouffés et jurons voilés, avant que Furi entende enfin la voix de Syn.
— Ouais ?
— Nous avons rendez-vous dans une heure et demie, rappela-t-il doucement, toute colère évanouie dès qu’il entendit sa voix.
Syn avait peur et il ne pouvait pas lui en vouloir. C’était pareil pour lui. Toutefois, s’enfoncer la tête dans le sable n’allait pas tout faire disparaître.
— Je dois annuler. J’ai une tonne de travail à faire. Je te rappellerai, déclara Syn d’une voix peinée.
— Syn, attends… C’est bon, je ressens comme…
— Je te contacte bientôt, le coupa-t-il.
Furi entendit la ligne se couper et regarda son portable, totalement choqué qu’il ait osé lui raccrocher au nez.
Il n’allait certainement pas laisser Syn lui échapper. Il avait dû croire que Furi ne ressentait pas la même chose, mais il s’enfuyait avant même qu’il puisse lui répondre. Autrement, il aurait dû savoir qu’il éprouvait exactement les mêmes sentiments.
Furi rappela aussitôt le portable de Syn, et tomba de nouveau sur la messagerie.
— Foutu entêté, murmura-t-il.
Il termina la révision de sa voiture et s’arrangea même pour changer tous les fluides. Les livraisons avaient bien été reçues et Doug était reparti depuis plus de trente minutes. Il était heureux que son ami soit resté au bureau, la majeure partie de l’après-midi, parce que sinon, il aurait aisément pu remarquer la détresse de Furi. Il essuya quelques taches sur le capot et rangea son atelier. Il réalisa qu’il souriait pendant qu’il verrouillait le garage. Syn l’aimait. Il jeta un coup d’œil à son portable et vit qu’il lui restait une heure seulement pour rentrer chez lui afin de se nettoyer, puis de se rendre à Savannah pour leur croisière. Il allait devoir contacter un taxi parce qu’il n’avait pas le temps d’attendre le bus.
— Attends une minute ! J’ai la voiture idéale, juste ici, fit-il en souriant.
Il ouvrit la porte et sauta dans le siège conducteur afin de faire reculer le véhicule et le sortir de là. Tandis qu’il conduisait, il souhaita que son nouvel appartement, au-dessus du magasin, soit terminé pour qu’il puisse simplement monter à l’étage et prendre une douche, cependant il y avait encore quelques rénovations à effectuer avant que le loft soit habitable. Il bourdonnait d’excitation. Nouveau magasin, nouvelle maison, nouvel amour. Tout se mettait enfin en place doucement pour lui. Terminé le passé, bienvenue à l’avenir, c’était son nouveau mantra.
Furi rappela Syn encore une fois quand il se gara devant son petit appartement en sous-sol. Aucune réponse. Maudit sois-tu pour m’obliger à le faire de cette manière. Il se résigna donc à lui envoyer un message.
Je serai sur le ponton à Savannah à 19 h 15. J’espère que l’homme que j’aime aussi sera là pour m’y rejoindre, puisqu’il m’a promis de me prendre dans ses bras sous les étoiles.
Furi s’assura d’utiliser une lotion supplémentaire dans ses cheveux avant de les sécher pour qu’ils soient très doux, comme Syn les aimait. Il portait le seul pantalon de toile qu’il possédait et un pull doux en cashmere blanc que sa tante Susan lui avait offert pour son anniversaire. Il utilisa l’échantillon d’un parfum onéreux qu’il avait pris dans un grand magasin et était de retour dans la voiture de Syn, dévalant le chemin vers l’autoroute. Il avait huit minutes pour arriver à temps. La dernière chose qu’il voulait, c’était que Syn débarque là-bas et ne le voit pas. Bien que son amant n’ait pas répondu à son texto, il était certain qu’il ne lui poserait pas de lapin après l’avoir lu.
Furi se gara sur le parking réservé aux clients du bateau-mouche et s’avança vers la caisse, se mettant sur le côté pour attendre son homme. Ses cheveux voletaient dans la brise du soir et il était impatient de monter sur ce pont afin de laisser Syn faire courir ses mains dedans. Il était 19 h 15 et les gens commençaient à embarquer. Tout le monde était vêtu de tenues décontractées. L’air était frais, la proximité de l’eau le rendait plus mordant que lorsqu’on s’en éloignait, mais il aurait bien chaud entre les larges bras de Syn. Celui-ci avait juste à ramener son cul ici d’abord, parce que le bateau mettrait les voiles dans quinze minutes, que Furi et Syn soient à bord ou non.
Il continua de surveiller la rue, sans remarquer de nouveaux véhicules ralentissant pour se garer dans le parking. Il était 19 h 25. Il ne restait plus que cinq minutes. Il y avait déjà des couples sur le pont supérieur, riant et se tenant l’un à l’autre, glissant leurs doigts dans la nourriture et sirotant du vin qui avait été servi par des hommes et des femmes en uniformes amidonnés. Furi vit que certains couples se fixaient droit dans les yeux tandis que le soleil descendait sur l’horizon, peignant le ciel de romantiques traits violets, rouges et orange. Il récita une rapide prière pour que Syn apparaisse miraculeusement devant lui. À contrecœur, il vérifia encore une fois l’heure sur sa montre, sachant que le temps imparti s’était écoulé.
Syn ne viendrait pas.
Furi regarda, désemparé, tandis que les matelots remontaient la passerelle. Le bateau-mouche alluma ses moteurs diesel et les hélices formèrent des vagues alors qu’il commençait à s’éloigner du quai.
Il avait écrit à Syn qu’il l’aimait et cela avait été probablement trop fort. Peut-être qu’il ne pensait pas vraiment ce qu’il avait dit après tout et que c’était juste un lapsus. Toutefois, il refusait d’y croire. Il voulait penser que Syn l’aimait. Il agrippa la rampe devant lui et laissa son menton tomber sur sa poitrine. Autant il ne le désirait pas, mais le fait que Syn ne se soit pas montré le blessait terriblement.
Comment cette journée qui avait si merveilleusement commencé pouvait-elle se terminer sur une telle catastrophe ?
— Qu’est-ce que j’ai fait ? murmura-t-il vers le ciel sombre.
Pourquoi est-ce que je continue à choisir des hommes avec de foutus problèmes insurmontables ? Il contempla le bateau-mouche s’éloigner sur l’eau et le quai devint étrangement silencieux. Il frissonna parce que cela lui paraissait bien trop symbolique. Quelque chose de si merveilleux et de vibrant s’effaçait peu à peu, s’enfuyant loin de lui et il ne pouvait pas l’arrêter. Il ne savait plus quoi faire à présent. Il était un peu plus de vingt heures et il scrutait toujours les eaux sombres. Sa poitrine était comprimée et des larmes montèrent à ses yeux. S’il avait tout gâché avec Syn, il se détesterait à n’en plus finir. L’homme n’avait fait que lui crier qu’il avait besoin d’une seconde pour décompresser, mais Furi l’avait poussé trop loin. Et maintenant, il l’avait peut-être définitivement perdu.
— Furious. Le pensais-tu ?
La voix grave interrompit ses pensées et il dut cligner plusieurs fois des paupières pour s’assurer qu’il n’avait pas simplement imaginé la voix de Syn.
Furi se retourna lentement et il était là, dans un pantalon noir et une chemise blanche, avec les manches relevées. Une veste noire pendait au bout de ses doigts, passée sur son épaule. Bon sang, il était aussi sexy que le péché. Furi se contenta de le fixer pendant un moment, soulagé qu’il se soit montré malgré tout. Oubliée la croisière, il y en aurait d’autres.
Syn s’approcha de lui jusqu’à ce qu’ils soient torse contre torse. Il leva une main et la glissa dans ses cheveux. Furi gémit comme si Syn venait juste de passer sa langue sur son sexe.
— Tu es si beau, murmura Syn.
Il attira Furi dans une longue étreinte passionnée et s’accrocha à lui.
— J’ai vu ton message. Dis-moi que tu le penses.
Furi le serra à son tour et enfouit son visage contre son cou.
— Oui, je le pense. J’aurais aimé que tu me laisses te le dire en face au lieu de t’envoyer un texto, mais je n’ai pas pu obtenir que tu me répondes.
Syn recula afin de plonger dans ses yeux. Il fit glisser ses mèches derrière ses oreilles et prit son visage en coupe.
— Je suis désolé d’avoir fui comme ça. Je croyais que tu serais fou.
— Seigneur ! Pourquoi me serais-je mis en colère à ce sujet ? demanda Furi
— Parce que. Tu sors tout juste d’une relation avec quelqu’un de très dominant, qui aime le contrôle. J’ai pensé que tu pourrais avoir l’impression que je te poussais vers quelque chose pour lequel tu n’étais pas prêt.
— Je t’informerai de ce pour quoi je suis ou ne suis pas prêt. Bien que j’aie été hésitant quand nous nous sommes rencontrés la première fois, cela n’a strictement plus rien à voir avec maintenant.
Furi ne put s’empêcher de se pencher en avant pour un rapide avant-goût de la bouche de Syn. Il avait taillé sa barbe et l’ombre soignée paraissait si douce. Il lécha et retraça de sa langue le contour des lèvres de Syn tandis qu’il haletait contre sa bouche.
— Sois maudit ! Tu m’as fait une de ces peurs lorsque tu ne t’es pas présenté pour la croisière.
— Je suis désolé. God a appelé Ronowski pour régler un problème, ce qui signifie que j’ai dû attraper un taxi pour rentrer à la maison afin de me préparer après avoir vu ton message. J’ai réagi aussi vite que j’ai pu, mais la circulation entre mon appartement et ici était affreuse, expliqua-t-il. Cependant, j’ai une surprise spéciale pour toi.
Furi lui adressa un sourire.
— Je n’ai pas besoin de ça, je suis simplement heureux que tu sois venu.
— C’était évident.
Syn s’arrêta et regarda sérieusement son amant. Ils pensaient pratiquement la même chose. Ils s’étaient dit “je t’aime” de manière détournée, peut-être était-il temps de l’avouer ouvertement.
— Veux-tu me le dire maintenant ? demanda-t-il tranquillement, ses yeux concentrés sur un point de la poitrine de Furi. Personne n’a jamais…
Il cessa de parler, mais Furi savait ce qu’il demandait. Il avait besoin d’entendre ces trois mots puissants sortir de sa bouche, afin que cela devienne réel, et qu’il reprenne vie.
Furi souleva le menton de Syn et le fixa droit dans les yeux. Il pouvait déjà discerner l’amour qui demeurait là, il n’y avait aucun doute à avoir à ce sujet.
— Syn… murmura-t-il.
Il rapprocha son visage afin que leurs nez se touchent et se frottent l’un contre l’autre.
— Je t’aime.
Furi le sentit agripper son pull dans son poing. La boule qu’il entendit Syn ravaler fut audible dans l’obscurité.
— Furious. Je n’ai jamais été amoureux auparavant et n’ai jamais cru que j’aimerais l’être un jour. Cependant, je sais que je suis amoureux de toi.
Syn se lécha les lèvres avant de déposer un doux baiser sur celles de Furi.
— Et, s’il te plaît, crois-moi quand je dis que je ne lèverai jamais la main sur toi, à moins que ce ne soit comme ceci.
Il rapprocha Furi de manière protectrice contre lui et l’embrassa jusqu’à ce que ses genoux cèdent sous lui. Il l’enlaça pour renforcer ce qu’il venait juste de lui dire, afin que Furi n’ait plus le moindre doute quant au fait qu’il était réellement aimé.
Syn recula après une minute, et tous les deux haletèrent pour reprendre leur souffle.
— J’ai tellement besoin de toi maintenant, confessa-t-il.
Il saisit sa main et les guida plus loin sur le quai où toutes sortes de bateaux étaient alignés, allant de navires de pêche personnalisés jusqu’à des yachts luxueux.
Furi se promenait avec lui, tandis qu’ils se dirigeaient vers le bout du quai et il balaya du regard un magnifique bateau à moteur avec une bande bleue élégamment entrelacée sur le côté. La poupe faisait face au dock et sur la coque, en belles lettres noires se trouvait le nom de l’embarcation “Sees the Day”. Un homme en uniforme empesé blanc s’approcha et serra vigoureusement la main de Syn.
Bordel de merde ! C’est le bateau de Day. Seigneur ! À quel point ce gars est-il riche ?
— Sergent Sydney. Tout est prêt pour vous et pour votre invité, monsieur.
L’homme parlait d’un ton professionnel, comme si Syn et lui étaient des putains de membres de la famille royale.
Sa bouche béait toujours quand il entra dans le salon spacieux du yacht et il fut estomaqué par l’extravagant intérieur : des meubles en cuir sombre, des tables en cerisier étaient positionnés devant un grand écran plat, accroché à un mur solide. Le reste des murs était constitué d’immenses baies vitrées afin d’admirer l’eau. Un large bar était situé dans le coin opposé et il y avait déjà deux verres de champagne, prêts pour eux.
Syn s’assit sur le canapé avec une cheville posée sur le genou opposé et il dévisageait Furi tandis qu’il admirait la cabine.
— Tu aimes ? demanda-t-il, lui adressant un sourire.
— C’est magnifiquement beau, bébé. Je ne peux pas croire que Day puisse s’offrir quelque chose comme ça, sans parler d’un équipage.
Furi était stupéfait.
Syn laissa échapper un grand éclat de rire.
— Il ne peut pas. Il appartient à un de ses amis. Un certain grand chef. Je ne le connais pas personnellement, mais il est ici pour affaires, donc Day lui a demandé une faveur. Le yacht est à nous pour la nuit.
Furi se dirigeait vers Syn, prêt à lui montrer combien il appréciait tout ce qu’il avait fait pour rendre cette nuit si spéciale, lorsqu’un homme petit, en tenue de chef entra dans la pièce, suivi par un jeune homme, habillé de la manière similaire, portant un plateau en argent.
— Bonsoir, messieurs. Je suis le chef Moreau. Mon sous-chef et moi voulions nous présenter avant que le dîner soit servi.
Il parlait avec un épais accent français, tendant la main à Syn.
— Le chef Vaughan m’a demandé de prendre grand soin de vous ce soir. Il m’a dit que vous étiez des camarades très spéciaux d’un de ses amis les plus chers.
Furi secoua la tête.
— Je suis désolé, avez-vous bien dit le chef Vaughan, comme dans…
— Le chef Prescott Vaughan, reprit le cuisinier en souriant. C’est son yacht. Ses deux partenaires et lui sont ici, à Atlanta, en visite.
— Bordel de merde ! Je vais tuer Day. Il connaît Prescott Vaughan. Je veux dire… Il le connaît vraiment, vraiment. Nous sommes sur son fichu yacht personnel.
Furi rayonnait d’excitation et Syn adorait… bien qu’il n’ait pas la moindre idée de qui était ce Vaughan.
— Ce doit être un grand chef, lança-t-il, afin de se joindre à lui.
Furi pouffa.
— Il n’y a pas de “doit”. C’est le meilleur ! Il était aveugle pendant plus de cinq ans et c’est un miracle qu’il ait recouvré la vue, toutefois, il n’a jamais cessé de cuisiner. Il possède environ une dizaine de restaurants et une ligne de vêtements de cuisine, énuméra Furi sur ses doigts.
Syn saisit ses mains et les baissa à ses côtés.
— Respire, bébé, dit-il en riant. Si tu veux, je verrai si Day peut arranger un rendez-vous afin que tu puisses le rencontrer.
Furi se tourna pour le regarder. Son sourire faiblit, révélant une expression sérieuse.
— Non. Je n’ai pas besoin de faire sa connaissance, ni de quoi que ce soit d’autre. C’est une merveilleuse surprise, Syn. Merci beaucoup.
Syn se présenta au chef, puis attira Furi contre lui pour l’introduire comme son partenaire. Le cuisinier ne sourcilla même pas tandis qu’il les accueillait et les informait que le dîner serait bientôt servi.
— L’un de vous a-t-il des requêtes spéciales ou des allergies particulières ?
Syn secoua la tête et regarda Furi qui l’imita.
— Merveilleux !
Le chef recula et l’autre homme s’avança pour déposer le plateau sur un napperon blanc qui recouvrait la table, orné de couverts officiels.
— S’il vous plaît, profitez de ces amuse-bouche pendant que nous préparons le premier plat.
— Merci, indiqua Furi, prenant place en face de Syn. Wow ! Cela a l’air délicieux.
— Qu’est-ce que c’est ?
Syn examina la bouchée unique du hors-d’œuvre avec confusion.
Furi glissa ses cheveux derrière ses oreilles et prit la fourchette à apéritif.
— Un “amuse-bouche” est un mot français. C’est une petite entrée. Je crois que c’est une coquille Saint-Jacques garnie d’un condiment, expliqua Furi, découpant rapidement le délicat fruit de mer en deux, impatient de goûter à la cuisine fine.
Cela faisait un moment.
— D’accord, reprit Syn avec hésitation. C’est quoi ce truc vert en dessous ?
Furi adorait le courage de Syn lorsqu’il se retrouvait totalement en territoire inconnu et, apparemment, la grande cuisine en était un.
— C’est une purée de pois.
Syn prit sa fourchette à dîner et enfourna toute la coquille dans sa bouche, la mâchant de bon cœur.
— Bon sang ! C’est plutôt bon. Tu aimes ce genre de nourriture ? demanda-t-il, la bouche pleine.
Furi gloussa devant son terrible manque de savoir-vivre à table. C’était un tel soulagement, par rapport aux critiques continuelles de son ex, chaque fois que Furi utilisait la mauvaise fourchette, ou s’agitait sur sa chaise, ou encore s’il s’asseyait trop loin de la table. Syn se fichait totalement de l’étiquette de Furi en matière de dîner et il se retrouva à pousser un soupir de soulagement tandis qu’il avalait le reste de la bouchée.
— Ouais. J’aime ce genre de plats. J’avais l’habitude d’assister à beaucoup de repas snobs, pour des collectes de fonds et autres dîners formels lorsque Patrick invitait ses clients. La seule bonne chose était la nourriture. J’ai adoré apprendre à ce sujet également. Parfois, je m’échappais dans la cuisine pour discuter avec le chef.
Ce que je payais toujours douloureusement plus tard.
Furi leva les yeux et vit que Syn le dévisageait.
— Nous avons des dîners et des collectes de fonds pour des œuvres caritatives également, mais jamais je ne t’emmènerai là où tu ne veux pas aller.
Furi tendit une main et Syn entrelaça rapidement leurs doigts.
— Je sais. Cependant, je suis certain de vouloir y aller avec toi.
— La plupart de ces dîners ne proposent pas de nourriture comme celle-ci, toutefois, le bal annuel de la police, si. Tu vas adorer, expliqua-t-il, comme si c’était évident que Furi serait à son bras.
— Cela me paraît vraiment bien, répondit Furi d’une voix rauque.
Sa voix trahissait son apparent calme extérieur. Seigneur, comme il aimait l’homme qui se tenait devant lui !
Le capitaine leur fit longer la côte, sans trop s’éloigner. Ils mangèrent le repas constitué de cinq plats de fruits de mer et furent à peine capables de se dandiner vers la poupe après le délicieux moelleux au chocolat.
Les cheveux de Furi voletaient avec la brise nocturne et Syn enfouit son visage dedans, tout en léchant et embrassant son cou. Furi laissa sa tête tomber en arrière afin d’admirer les étoiles pendant que Syn le tenait serré contre lui. La situation s’échauffa rapidement. Syn pressa durement Furi contre la rambarde, agrippant ses fesses et frottant son érection contre lui. Le sexe de Furi sursautait avec excitation dans son pantalon lorsque Syn glissa une main dans sa raie, effleurant son ouverture.
— Merde, Syn ! haleta-t-il.
Son entrée frémissait, désirant être remplie par son homme.
— Dis que c’est le bon moment, s’il te plaît.
Il se fichait d’agir comme un pleurnichard ce soir. Il était plus que prêt à endosser le rôle de passif pour Syn, il en avait tellement besoin, afin d’effacer complètement les fois où il l’avait été pour Patrick.
— Oui, fut la seule réponse de Syn.
Il l’embrassa encore avant de reculer et de lui tendre la main. Furi la prit et ils revinrent vers le salon, puis s’engagèrent dans le couloir donnant sur un escalier. Syn les guida lentement vers ce qui devait être la chambre principale parce qu’elle était luxueusement décorée d’un lit king-size qui dominait la pièce, avec quelques commodes plaquées contre le mur et une autre grande télévision accrochée au-dessus. Des bougies parfumées étaient disséminées dans la pièce et Furi cligna des yeux afin d’en chasser l’humidité devant une telle beauté. Syn avait-il arrangé tout ceci rien que pour lui ? Une cheminée électrique était déjà allumée, pulsant de l’air chaud dans la chambre et Furi eut l’impression de sortir avec le Prince Charmant.
Syn se tenait toujours immobile sur le seuil, l’étudiant attentivement. Il tendit une main afin d’éteindre toutes les lumières, et seules la cheminée et les bougies dégageaient une lueur chaleureuse dans la pièce.
— Retire tes vêtements… lentement, ordonna-t-il, d’une voix rauque.
Furi se tenait près du lit. Il ne rompit jamais le contact visuel tandis qu’il enlevait ses chaussures, puis ôtait doucement chaque habit. Furi se retrouva totalement nu tandis qu’il attendait le prochain ordre de Syn.
Comme le vent a tourné…
— Grimpe sur le lit, mon beau.
La voix de Syn était si grave et rocailleuse, qu’elle déclencha un feu dans les entrailles de Furi, en entendant combien il était profondément affecté par la présence de cet homme fort. Syn le suivit, retirant ses propres vêtements avec précaution. Furi plia et repoussa la couette noire et argenté et s’installa au milieu du lit.
Ses yeux détaillèrent le corps musclé de Syn, s’attardant sur chaque creux et bosse, jusqu’à ce qu’ils atterrissent sur le sexe épais qui coulait déjà, se dressant fièrement d’un nid de poils pubiens noirs. Syn se caressa à quelques reprises, rejetant sa tête en arrière tandis qu’une vague de plaisir traversait son corps. Il rampa sur le lit comme une panthère visant sa proie. Ses yeux étaient affamés et, sous ce désir, il y avait beaucoup d’amour.
— Syn…
Le dos de Furi se cambra, s’éloignant des draps froids, ayant besoin d’être touché par lui. Il aurait préféré que ce contact ait lieu sur son sexe, cependant, n’importe où lui conviendrait. Syn commença au niveau de son genou et lécha un chemin en remontant. Il souleva la jambe de Furi, la posant sur son épaule et suça la peau derrière le genou tout en massant son mollet. Alternant des coups de langue sur les deux cuisses, il ralentit considérablement lorsque son visage se retrouva niché contre les testicules de Furi.
— Oh, Seigneur ! gémit celui-ci, baissant les yeux vers son torse pour regarder Syn.
Il était si sexy entre ses jambes écartées, donnant l’impression qu’il ne savait pas par quelle partie du corps de Furi il voulait festoyer en premier.
Il avait les yeux rivés sur lui quand il sortit sa langue et qu’il la traîna négligemment sur ses bourses, puis vers son érection, jusqu’au gland qui dégoulinait. Il repoussa cette délicieuse peau vers l’arrière, la mordillant légèrement avant de passer sa langue sur le dessus et de la plonger dans la fente, rendant Furi complètement fou avant de redescendre en le léchant toujours.
— Tu es en train de me tuer, mon amour, haleta Furi.
Il agrippa la base de son sexe et saisit le menton de Syn, essayant de lui faire comprendre son attente.
— Tu es vraiment un petit passif impatient, n’est-ce pas ?
Syn émit un rire de gorge contre ses testicules et Furi crut qu’il allait éjaculer dans l’instant. Il ferma brusquement les yeux et comprima son membre. Syn profita de l’opportunité pour poser le bout de son sexe dans sa bouche et aspira durement à plusieurs reprises. Furi cria dans la pièce faiblement éclairée, mais il ne s’arrêta pas, et ne le ferait pas jusqu’à ce que son amant perde l’esprit sous l’effet de l’extase.