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Pas comme ça

 

 

Furi en était à son second rhum-coca alors que Doug était probablement plus proche du dixième. Ils jouaient au billard, dansaient, riaient et plaisantaient comme des adolescents. Il ne parvenait pas à se souvenir de la dernière fois où il s’était autant amusé. Syn lui avait envoyé un message pour lui faire savoir qu’il rentrerait tard, et qu’il devait l’attendre au lit. Il était presque deux heures du matin et, lorsque Cel appela, elle taquina Furi, lui demandant de mettre son fiancé dans un taxi et de le renvoyer à la maison. Elle avait toujours soutenu que Furi était le petit ami de Doug. Il se demandait comment elle allait l’appeler maintenant qu’il avait un véritable petit ami. Il retira la boisson non nécessaire des mains de Doug et le poussa vers l’extérieur. Doug drapa ses longs bras autour du cou de Furi, le faisant pratiquement trébucher dans la rue.

As-tu besoin d’un peu d’aide, Furious ? demanda Jared, qui sortait également du pub.

Nan, je le tiens, s’esclaffa-t-il.

Jared avait terminé son service. Après avoir surveillé la porte d’entrée pendant toute la nuit, Furi ne voulait pas l’empêcher de rentrer chez lui à cause de leurs bêtises, à Doug et à lui.

D’accord. À plus tard.

Le grand gars lui adressa un geste de la main et se dirigea vers sa voiture, garée à l’arrière du parking.

Enfin, le taxi jaune se montra.

Je t’aime, mec, balbutia Doug, ayant du mal à articuler, déposant un baiser mouillé sur sa joue avant que Furi soit enfin capable de le faire entrer à l’arrière du véhicule.

À demain, mon pote... Si tu n’as pas trop mal à la tête. Va chez toi et fais des galipettes enivrées avec ta fiancée.

Il claqua la portière et tapa sur le toit du taxi, le regardant disparaître au coin de la rue.

Furi revint à l’intérieur et vit qu’il restait plus que quelques retardataires qui réglaient leurs notes. Il s’assit au bar et prit son verre, avalant le reste en une seule gorgée. Il le reposa sur le comptoir et Cindy lui demanda rapidement s’il en voulait un autre. Il y réfléchit une seconde.

Euh… non, c’est bon, merci.

Bien.

Elle haussa les épaules et s’éloigna pour ramasser ce qui traînait, et nettoyer les doseurs à cocktail.

As-tu besoin d’aide ? proposa Furi.

Non, chéri. Cependant, tu peux me tenir compagnie, dit-elle en souriant.

Pas de problème, j’ai le temps.

Où est ton homme sexy ? lança-t-elle, lui adressant un clin d’œil.

Il rentrera tard ce soir. Il a du boulot, je dois le retrouver chez lui.

Tu devrais être là-bas, au lit, nu, l’attendant…

Elle lui a lança un regard malicieux par-dessus son épaule.

Furi sortit la clef que Syn lui avait donnée avant de partir, afin qu’il puisse entrer dans son appartement. Il entortilla les petites menottes de son porte-clefs autour de son doigt, la pensée faisant réagir son sexe. Bon sang, il était excité maintenant !

Il ne rentrera probablement pas avant que ce soit l’heure de me lever pour aller au garage demain, grommela-t-il.

Ahh… La vie qui va de pair avec le fait d’aimer un sergent de la police…

Vous êtes devenus sérieux relativement vite, les gars. Je peux voir que tu l’aimes vraiment, chantonna Cindy.

Furi sourit, la tête lui tournant soudain.

Je l’aime, reconnut-il, d’une voix pâteuse.

Aime” ressemblait davantage à “wuuuub” et Cindy éclata de rire.

Tu ferais mieux d’y aller, chéri et de prendre quelques comprimés de Tylenol avant qu’il revienne.

Tu as peut-être raison.

Furi se tenait le front tandis qu’il vacillait en descendant de son tabouret, manquant de tomber de peu.

Bon sang, le dernier amorti ressemblait à un coup de poing, Cindy.

Quoi ? gloussa-t-elle. Ce que tu dis n’a aucun sens, Furi. Je n’arrive même pas à comprendre où tu veux en venir. Rentre à la maison et va dormir. Ton sexe ne fonctionnera pas avec tout cet alcool en toi.

Tout cet alcool… mais je n’ai bu qu’un, deux…

Bordel, Louise…

La langue de Furi lui paraissait épaisse et lourde. Il tituba vers la porte et franchit le seuil, tombant pratiquement face contre terre avant d’entendre Cindy crier :

Bonne nuit !

Euh… ouais. ‘Nuit…

Furi ne savait pas vraiment s’il l’avait dit dans son esprit ou à haute voix. Il jeta un coup d’œil autour de lui. Tout lui paraissait déformé et défiguré. Il ne parvenait même pas à voir l’immeuble de Syn, de l’autre côté de la rue. Il savait que c’était le sien, mais il lui paraissait être à des kilomètres. La lumière provenant des lampadaires l’aveuglait et, lorsqu’il fit un pas en avant, ses genoux cédèrent.

Merde ! Je n’ai jamais été aussi ivre.

Furi resta là, les mains posées sur les genoux, essayant de ne pas tomber et s’allonger juste là, sur le trottoir. Il avait le sentiment de voler aussi haut qu’un cerf-volant, comme s’il venait de sniffer un rail de cocaïne. De la drogue… Mon verre… L’idée venait juste de s’insinuer dans son esprit embrouillé quand il entendit la voix la plus effrayante imaginable derrière lui.

On dirait que tu as bien besoin d’aide, chéri.

Non, non, non… S’il vous plaît…

Furi essaya de prendre son téléphone portable, cependant ses mains semblaient peser plus de cent kilos chacune.

Des doigts puissants s’enroulèrent autour de son biceps, le serrant d’une poigne de fer. Une autre main fouillait sa poche arrière.

Tu n’auras pas besoin de ça.

Furi entendit son portable exploser sur le bitume.

Il avait l’impression que tout avançait comme au ralenti. Il était conscient de ce qui se passait, mais trop faible pour faire quoi que ce soit à ce sujet.

Fais-le traverser la rue, Bren, ordonna son ex-mari. Imagine ce que ressentira ton petit connard de sergent lorsqu’il rentra chez lui et te trouvera sauvagement battu, le corps mutilé dans son lit, ricana Patrick à son oreille.

Furi crut qu’il allait vomir. La menace de coups et de mutilations paraissait horrible, cependant l’idée de Syn le trouvant comme ça était inimaginable.

Puis il se retrouva pratiquement traîné de l’autre côté de la rue. Le peu de gens présents sur les trottoirs à cette heure du matin n’accordèrent pas la moindre attention à ce qu’ils devaient penser être un autre ivrogne, parce que personne ne les interpella.

Pat, s’il te plaît, ne fais pas ça, marmonna Furi, tandis qu’il était tiré dans l’entrée, puis vers l’ascenseur.

Il n’était même pas sûr de s’exprimer à voix haute, ni de savoir si ses mots ne faisaient que bombarder son esprit. Il tenta à nouveau de parler, cependant son corps fut brutalement jeté dans la cage de l’ascenseur. Il s’écroula sur le sol sale, comme un sac de pommes de terre. Il lutta afin de s’asseoir, toutefois, il avait l’impression qu’un énorme poids était posé sur lui. Il porta lentement une main à sa poitrine, réalisant qu’une lourde botte le maintenait épinglé au sol. Furi essaya d’ouvrir plus largement ses paupières lourdes. Il ne put distinguer que le visage ravagé par la colère de son beau-frère et cela l’effraya à mort. Il allait vraiment mourir ce soir.

Quel numéro d’appartement a-t-il dit que c’était ? demanda Patrick, puis une femme lui répondit aussitôt.

C’est l’appartement 805, répondit-elle.

Furi renversa sa tête et vit Patrick, une radio collée à ses lèvres, discutant à travers le haut-parleur.

À qui parle-t-il ?

Où sont-ils maintenant ? reprit Patrick.

Ils viennent juste d’arriver au commissariat. Je vous tiendrai informé.

S’il vous plaît, ne parlez pas de Syn…

Brenden fouillait les poches de Furi et en sortit le petit porte-clefs. Dès que la porte fut ouverte, il fut projeté si fort qu’il vola à travers la table basse, atterrissant avec un bruit sourd devant le canapé. Furi grogna et lutta pour trouver un point d’ancrage afin de se relever.

Nous surveillons ton homme, Furious, ironisa Patrick. Afin de nous assurer d’en avoir fini avec toi et que nous serons partis depuis bien longtemps avant son retour.

Pat, ne fais pas ça.

Brenden saisit une pleine poignée de ses cheveux et le releva. Furi crut qu’il avait hurlé de douleur. Il fut brutalement giflé en plein visage, l’envoyant valser sur le canapé.

Dans son esprit, il se précipitait pour s’échapper. Mais dans la réalité, il bougea à peine. Furi porta une main à son visage déjà amoché, et grimaça de douleur. Il essayait encore d’arrêter le tintement qui résonnait dans ses oreilles, à cause de la gifle, quand Brenden le saisit par la gorge et le remit debout. Le coup de poing qu’il reçut dans le ventre amena des larmes à ses yeux, et lorsqu’il retomba sur le sol, la souffrance fut multipliée par les coups de pied dans les côtes.

Pat… Ne le laisse pas me faire mal, dit-il doucement, totalement essoufflé.

Pourquoi pas ? Tu m’as blessé, répondit-il, de quelque part dans la pièce.

Je voulais juste vivre ma vi…

Brenden le gifla à nouveau.

Ferme ta gueule ! hurla-t-il tout contre son visage.

Emmène-le dans la chambre, ordonna Patrick.

S’il te plaît, ne fais pas ça. Ne fais pas ça, Patrick. Je reviendrai avec toi. Je te le promets. Je serai un bon mari, je le jure, lâcha Furi d’une voix pâteuse.

Il s’agrippait aux mains de Brenden pendant qu’il le tirait dans le couloir, le jetant à travers la porte de la chambre.

Je ne veux plus de toi, déclara Patrick, d’une voix calme. Certainement pas après que tu l’aies laissé t’avoir. Dis-moi, Furious… T’a-t-il laissé le baiser ? Es-tu l’actif, bébé ? T’es-tu occupé de lui comme tu as essayé de le faire avec moi ? Ou est-il celui qui baise ton joli petit cul, hein ? Parce que je sais que tu aimes tout ce qu’on peut te faire.

Brenden saisit Furi et le balança sur le lit, comme s’il ne pesait rien. Il tenta de s’éloigner, cependant son beau-frère empoigna ses cheveux et le ramena sur le matelas.

Essaie encore et je te pète tes putains de jambes.

Peut-être que l’adrénaline qui déferlait dans ses veines neutralisait la drogue qu’ils avaient versée dans son verre, car Furi fut enfin capable de voir un peu plus clairement. Ses membres étaient toujours trop lourds pour se battre cependant.

Que m’avez-vous donné ? haleta-t-il.

Il avait l’impression que son cœur allait jaillir de son torse.

De l’ecstasy, crétin. Tu n’es qu’une pute de pornos, pourtant tu ne sais pas ce que l’on ressent lorsqu’on en prend ? dit Brenden, le giflant encore une fois.

Cette fois, Furi put goûter au sang provenant de sa lèvre éclatée.

Oh, et il y a un petit extra dedans aussi.

Brenden, vérifie, ordonna Patrick.

Son frère saisit le talkie-walkie que Patrick lui lança.

Les filles que font-ils maintenant ?

Furi jeta un coup d’œil nerveux autour de lui, à la recherche d’un objet qu’il pourrait utiliser comme arme. Il savait que Syn avait des armes à feu dans la maison, dans cette chambre. Toutefois, il doutait pouvoir mettre la main sur l’une d’elles et l’utiliser correctement dans son état. Il était baisé sur toute la ligne.

Ouais ?

La voix de la femme crachotait à travers le haut-parleur.

On dirait qu’ils se sont tous arrêtés pour prendre quelque chose à manger, répondit-elle. Je pense que vous devriez vous dépêcher, les gars.

Dites-nous juste quand ils partiront ! aboya Brenden, avant de remettre la radio dans sa poche.

Les yeux drogués de Furi délaissèrent Brenden et se concentrèrent sur Patrick, ne parvenant pas à comprendre pourquoi diable il retirait ses vêtements.

Il semblerait que mon temps soit pratiquement écoulé. Je vais te baiser à fond une dernière fois, chéri, avant de te tuer. Bren, tu veux y goûter aussi ?

Le rire de Patrick était si sinistre que Furi n’avait pas le moindre doute, il allait appliquer ses menaces à la lettre.

Brenden, allume la radio au maximum afin que les voisins ne l’entendent pas hurler.

Non ! Non, pas comme ça ! Syn!!!!