Furi était si heureux de voir le beau visage de Syn qu’il aurait aimé bondir par-dessus le bar et se jeter dans ses bras musclés, pour le supplier de lui pardonner d’avoir agi comme un idiot. Non seulement son abusif de mari, Patrick, était là, mais il avait amené son crétin de frère aussi. Durant les vingt dernières minutes, Patrick ne lui avait dit que quelques mots, cependant Brenden ne cessait pas de lui lancer des regards chargés de haine tandis qu’ils sirotaient nonchalamment leurs bières. Furi ne savait pas s’ils attendaient qu’il parte, toutefois, ils agissaient bizarrement. Il voulait dire à Syn que Patrick se trouvait juste là, à côté de lui, mais il ne voulait pas prendre le risque de déclencher une bagarre dans l’établissement de son oncle. Il partirait simplement avec son féroce protecteur et supplierait Syn d’obtenir cette ordonnance restrictive, qui devrait résoudre le problème. S’il y avait bien une chose que Patrick n’était pas prêt à risquer, c’était d’être humilié en public, lui et sa société, en se faisant arrêter.
Furi avait l’intention de vider les poubelles, puis de ne pas revenir à l’intérieur. Il traverserait simplement l’allée pour retrouver Syn près de sa voiture, laissant Patrick et Brenden dans le pub, se demandant quand il allait revenir.
— Alors, chéri, c’est ici que tu te cachais, hein ? Pendant tout ce temps, alors que je t’ai cherché partout… et tu étais là, depuis le début. Parmi les ordures.
La voix de Patrick était calme et monocorde, le ton qu’il utilisait en général, juste avant de devenir fou et de s’en prendre au visage de Furi. Il jeta un bref coup d’œil dans la ruelle, pleine de bennes éventrées, de bouteilles d’alcool vides, de nourriture avariée, et il secoua la tête avec dégoût.
— Eh bien, quand je t’ai rencontré, tu vivais dans un taudis, c’était évident que tu y retournerais.
Patrick parlait du garage de son père. Il pensait peut-être que c’était un dépotoir, pourtant la plupart des gens trouvaient que c’était un endroit plutôt génial. Furi regrettait amèrement le jour où il avait laissé les belles paroles de Patrick le charmer et l’éloigner de cet endroit.
— Je dois admettre que le fait de ne pas avoir repris le nom de ton père était plutôt intelligent. Vraiment. Cela a compliqué la tâche du détective pour te retrouver. Bren m’a dit de “laisser tomber” parce que tu ne “valais pas le coup”. Mais je croyais que tu finirais par revenir. Et soudain, sortis de nulle part, surprise ! On me délivre des documents à MON PUTAIN DE BUREAU ! Avec des PAPIERS DE DIVORCE ! Si foutrement irrespectueux !
Furi vacilla devant la rage de son mari.
— Je savais que tu n’étais pas très brillant, chéri, mais… allez ! Tu aurais dû te douter que je ne te laisserais jamais partir après tout l’argent que j’ai dépensé pour toi.
— J’ai tout laissé et tu le sais parfaitement ! cria Furi. Je me foutais totalement de tes fringues de marque et de tes bijoux. Tout cela n’a aucune valeur désormais, n’est-ce pas ? Dis-moi quelque chose, Pat… Ta Rolex te tient-elle chaud la nuit ?
Furi fit un bond en arrière lorsque Brenden s’approcha, mais Patrick leva un bras pour empêcher son frère d’avancer, du moins pour l’instant.
— Patrick, tu ferais mieux de partir. Nous ne nous entendons plus, si tu y réfléchissais ne serait-ce qu’une seconde, et je veux dire… vraiment y penser, tu réaliserais que tu ne veux pas de moi. Tu souhaites juste sauver la face. Et ce n’est pas ça, un mariage.
Furi devait continuer à parler, il était piégé et il le savait. Il pouvait sentir la sueur couler dans son dos. Les bennes à ordures se trouvaient au fond de l’impasse, à environ vingt pas de la porte arrière du pub. Patrick et Bren étaient proches de lui, il n’y avait aucune échappatoire. Tout ce qu’il pouvait espérer, pour l’instant, c’était que Syn finisse par s’ennuyer de devoir l’attendre et qu’il vienne le chercher avant que son mari et son beau-frère ne lui causent trop de dommages.
— De quoi parles-tu ? Je t’aime et tu m’aimes aussi, ironisa Patrick. Si tu y réfléchissais ne serait-ce qu’une seconde, tu réaliserais que j’ai raison, se moqua-t-il, lui renvoyant ses propres paroles.
Bren se tenait juste à côté de son frère, prêt à faire ce qu’il désirait depuis que Furi avait épousé Patrick. Il voulait le frapper, au point d’être méconnaissable. Il détourna ses yeux de Brenden, adressant un regard triste à son mari. Son mari autrefois doux, sensible et charmant.
— Patrick, s’il te plaît, rentre simplement chez toi, retourne à ta petite vie confortable, sans un mari non désiré, compliquant inutilement les choses. Lorsque nous nous sommes mariés, j’ai cru que tu m’aimais vraiment, mais tu as complètement changé.
Furi ferma les paupières, afin de repousser les souvenirs qui revenaient à sa mémoire. Il avait désespérément tenté de faire en sorte que ces démons reposent à tout jamais.
— Tu as commencé à me frapper après avoir fait l’amour. Putain, qui fait ça ? C’était comme si quelqu’un d’autre s’était glissé en toi et que tu ne pouvais plus supporter d’être gay désormais.
Patrick secoua la tête avec incrédulité.
— Tu n’y connais rien, je n’en attendais pas moins de toi. Je n’ai pas de temps pour ce genre de conversation et ces poubelles puent. Allons-y maintenant, Furious. Je ne vais pas me répéter.
Merde !
— NON ! Je vais continuer à avancer avec ma propre vie. Je vais ouvrir mon propre garage et avoir une vie paisible qui n’implique pas de fréquents trajets au service des urgences. Tu ne veux pas de moi, Pat. Tu veux un mari qui reste à la maison. Je ne suis pas ce genre d’homme. Tu m’as fait croire que tu m’aiderais à réaliser mes rêves, tout en sachant parfaitement que tu ne serais jamais heureux, marié à un mécanicien.
— Comment pourras-tu réparer des voitures avec deux bras cassés ? ironisa Brenden.
Furi déglutit difficilement, faisant de son mieux pour garder un air brave. Il refusait de donner à ce connard la satisfaction de paraître effrayé.
— Est-ce pour ça que tu veux que je revienne ? Pour que je te serve de punching-ball à toi et à ton frère ? cria Furi.
Sa voix s’était approfondie avec sa rage et sa peur.
— Tu reviendras avec moi, que tu le veuilles ou non. Maintenant, nous pouvons le faire de manière simple, où tu montes simplement dans la voiture, ou tu pourras te réveiller dans mon lit plus tard, après avoir été assommé. Quoique tu choisisses, ça me convient parfaitement.
— Je ne reviendrai pas, grogna Furi. Je vais divorcer, fin de la putain de discussion.
Furi aurait dû se tenir prêt pour le brusque coup de poing de Brenden envoya dans son diaphragme, cependant, cela vida tout l’air contenu dans ses poumons et il se retrouva sur le cul, dans l’allée sale et bétonnée. Il mit un genou à terre et serra les dents, levant les yeux vers son mari.
— Fais ce que tu veux, sale bâtard. Je ne reviendrai pas. Je préfèrerais mourir ici.
Brenden revint vers lui. Cette fois, Furi fut capable de bloquer la raclée, mais le coup de pied de son beau-frère l’envoya voler, encore une fois, vers le sol. Il roula sur le ventre, serrant les dents de douleur, refusant de crier. Il entendit le bruit des pas de Brenden se rapprocher. Furi tendit le bras, saisissant une bouteille de vin vide et se retourna brusquement, la balançant aussi fort qu’il le pouvait, l’explosant contre le mauvais genou de Brenden. Le cri qu’il laissa échapper lui procura un léger sentiment de victoire. Il savait que son beau-frère avait deux blessures des ligaments croisés, datant de l’époque où il avait joué au football, et il espérait l’avoir stoppé assez longtemps pour le contourner, mais il avait tort.
— Sale petite merde ! hurla Brenden, ignorant la douleur dans son genou.
Patrick tendit les bras, saisissant Furi par le cou, grognant contre son visage.
— Tu devais le faire à la dure, hein ? Je vais m’assurer que tu ne sois plus jamais capable de t’enfuir.
Furi releva brutalement son genou, frappant Patrick à la cuisse, ratant complètement ses couilles. Merde ! Il était prêt à accepter l’inévitable quand il entendit la porte arrière du bar s’ouvrir à la volée et il entrevit une silhouette noire se précipiter vers eux, plaquant Patrick au sol, d’un coup dur dans les côtes. Furi leva les yeux vers le visage hargneux de Syn, ses iris noirs scintillants de colère. Bordel de merde ! Syn se releva et attira Furi contre lui. Il dressa un rapide inventaire de son corps avant de le glisser derrière lui, comme il le faisait toujours. Brenden fut le premier à bouger et Syn éloigna Furi, se préparant à l’attaque.
Syn était revenu dans le pub et avait remarqué que Furi ne se trouvait pas derrière le comptoir. Ce qui avait réellement retenu son attention, c’était que les deux armoires à glace en costume qui étaient assises là auparavant manquaient également à l’appel. Son sixième sens, celui qui lui permettait toujours d’avoir deux longueurs d’avance, avait brusquement jailli en avant, l’implorant d’aller plus vite. Syn ignora les regards curieux de l’oncle de Furi, installé derrière le bar, tandis qu’il se précipitait vers la porte de derrière, sortant sa radio alors qu’il courait. Il entendit le bourdonnement et parla dans le micro.
— God, ramène-toi par ici. Je crois que j’ai un problème.
— J’arrive, répondit son lieutenant, d’un ton sérieux.
Il franchit la porte à toute vitesse, jetant un rapide coup d’œil à la scène qui se déroulait au fond de l’impasse. Un des hommes avait ses mains épaisses serrées autour du cou de Furi, essayant de l’étrangler jusqu’à ce que mort s’ensuive, criant contre son visage, quelque chose à propos de “ne plus jamais le quitter”. Merde, le mari ! L’autre gars était appuyé contre le mur de brique, tenant un de ses genoux, paraissant pâle et ivre de douleur. Syn jugea qu’il s’occuperait de lui plus tard. Il projeta son poing dans les côtes de l’homme qui retenait Furi, et chuta à cause de son élan, cependant, il savait qu’il n’avait que quelques secondes avant que l’ex-mari se reprenne et revienne dans la mêlée. Sa priorité concernait Furi. Il avait l’air d’aller à peu près bien, il n’y avait ni sang, ni contusion apparente, donc Syn se positionna devant son homme et ramena ses yeux sur les deux types qui le dévisageaient, choqués et enragés.
— Il doit y avoir un malentendu. Ceci ne vous regarde pas.
— Et vous êtes ? siffla Syn, à travers ses dents serrées, connaissant déjà la réponse à cette question, essayant de gagner quelques minutes afin de se reprendre et de maîtriser sa colère.
— Personne en ce qui vous concerne. Mais vous vous tenez entre mon mari et moi, donc je vais vous laisser une chance de partir.
Syn secoua lentement la tête.
— Vous avez tout faux. Je me tiens entre vous et votre ex-mari.
En cet instant, Syn vit les yeux du gars passer d’une intrigante nuance de gris lumineux à un gris cendré, comme un ciel juste avant l’orage. Il était en colère et il comprit que les évènements étaient sur le point de prendre un sale tour.
— Furious est mon mari. Que vous le vouliez ou non. Il m’appartient.
— Il vous appartient ? Afin que vous puissiez abuser de lui quand bon vous semble, et laisser votre mauviette de frère prendre la relève une fois que vous êtes fatigué ?
Syn s’approcha plus près.
— Je ne pense pas, non.
L’ex tenta de le contourner, s’adressant à Furi.
— Chéri, rentre à la maison. J’ai changé. Je ne te ferai plus jamais de mal. Je le jure sur ma vie.
— Conneries ! Il ne vous croit pas et je suis foutrement certain que moi non plus, rétorqua Syn.
— Je n’ai pas à vous convaincre de quoi que ce soit.
— Bien sûr que si ! Je suis précisément celui que vous devez persuader.
L’ex leva les mains, comme pour indiquer son entourage.
— J’ai fait tout le chemin jusqu’ici pour le retrouver. C’est suffisant. Je suis là, non ?
— Ainsi que les bennes à ordures, répondit Syn avec une expression ennuyée.
— Vous me traitez de poubelle ? grogna l’ex.
— Non. Ce serait un mot trop doux pour vous. Voulez-vous réellement savoir comment je pourrais vous appeler ? ironisa Syn, son sourire se transformant rapidement en hargne, avant de reprendre la parole. Furi m’appartient désormais. Si vous le voulez, vous allez devoir en passer d’abord par moi.
Il sentit Furi tirer son bras. Sans détourner les yeux de l’ex, il s’inclina légèrement afin d’entendre ce qu’il avait à dire.
— Ce n’est pas ton combat, c’est le mien, siffla-t-il à son oreille.
Syn lutta contre son envie de rouler des yeux. Ouais, comme si tu leur bottais vraiment le cul quand je suis arrivé. Il jeta un bref coup d’œil dans la ruelle et aperçut God et Day tourner au coin de l’immeuble, marchant vers eux, ressemblant à deux bikers rebelles. God, dans son manteau en cuir noir qui lui arrivait à mi-cuisses, ses vêtements noirs, ses longs cheveux flottant dans son dos, et ses immenses Timberland noirs dont vous ne souhaitiez pas vous retrouver à l’autre extrémité. Day dans sa veste en cuir moulante, son pantalon en toile noir, et ses Jordan. Ils ressemblaient à des brutes, pas à des flics.
Syn attira Furi contre son torse.
— Furi, je veux que tu traverses le bar et que tu ailles m’attendre chez moi. Je vais avoir une petite discussion avec ton ex-mari, ajouta-t-il d’une voix forte.
Furi souffla, contrarié.
— J’ai pris six mois de cours de self-défense au YMCA cette année. Je peux me battre tout seul.
Syn le dévisagea comme s’il avait perdu son putain d’esprit.
— Au Y ? Eh bien, c’est génial, Furious. Si jamais tu te fais sauter dessus par les Village People, libre à toi de refaire ces mouvements. Pour l’instant, je veux que tu ramènes tes cours de karaté de la YMCA à la mords-moi le nœud à mon appartement, ironisa Syn, le pressant vers la porte, n’ayant ni le temps ni la patience de faire face à sa ridicule fierté.
Heureusement, avec un dernier regard noir, Furi retourna dans le pub. Quand Syn fit demi-tour, God et Day le dévisageaient, ainsi que ses deux adversaires.
— Que se passe-t-il ici, les gars ? demanda God avec désinvolture, faisant semblant de ne pas connaître Syn.
— On dirait qu’une bonne bagarre ne vous dérangerait pas. Je vous donnerai cinq cents dollars si vous bottez le cul de cet idiot.
L’ex-mari se redressa plus droit, affichant un sourire mauvais en direction de Syn, comme s’il venait juste de trouver le meilleur, le plus diabolique plan au monde. Il remit sa cravate en place et tenta d’enlever des traces de crasse sur son costume bien trop cher alors qu’il attendait la réponse de God.
Day examina Syn de la tête aux pieds, comme s’il le jaugeait, haussa les épaules et se tourna pour regarder God.
— Qu’en penses-tu ?
— Tu sais que je n’ai jamais été de ceux à refuser de l’argent facile.
God frotta sa main sur son menton barbu, adressant à Syn un regard mauvais, avant de revenir vers l’ex-mari et le beau-frère.
— Alors, vous êtes tous les deux de gros fils de pute, contre un seul gars et vous ne pouvez pas le battre ?
— Ne posez pas de questions. Voulez-vous l’argent ou non ? Ce tas de merde se tient entre moi et quelque chose qui est très important pour moi, et j’ai besoin qu’il soit éliminé.
Qui diable ce gars pensait-il être ? Ce putain de Tony Soprano ? “Éliminé” ? Syn serra les poings encore et encore, voulant désespérément enseigner à ce gars une leçon, et enfoncer dans sa tête épaisse que Furi était à lui maintenant, et qu’il ne serait plus jamais un sujet de préoccupations pour lui.
Day s’approcha un peu plus près.
— Très bien, mais ce sera mille dollars chacun.
L’ex-mari ne cilla même pas devant les enchères à deux mille dollars. Il sortit son portefeuille et compta rapidement le bon nombre de billets de cent dollars, les claquant dans la main tendue de Day. Celui-ci les prit et les plia en deux, les glissant dans sa poche. Il recula, revenant au côté de God et hocha la tête en direction de Syn.
— À toi de jouer.
— Hey, attendez juste une putain de minute, intervint le beau-frère, mais c’était trop tard.
Day avait donné le signal à Syn. Il combla rapidement la distance entre l’ex et lui, ne lui laissant pas le temps de lever sa garde, avant de projeter son poing droit dans sa mâchoire, suivi par un rapide uppercut de la gauche. Son adversaire vacilla en arrière et, juste comme Syn l’avait pensé, le gars était capable d’encaisser un bon coup de poing. L’ex pivota largement vers la droite, visant la tempe de Syn, qui l’esquiva aisément. Cherchant désespérément à reprendre la main, l’ex pensa que c’était une bonne idée de se jeter directement sur Syn afin de le faire tomber, mais cette tentative s’avéra futile également. Le flic leva son pied botté et le connecta avec le ventre du type, l’obligeant à se plier en deux. Il ne perdit pas de temps. Il referma rapidement son bras autour du cou de son agresseur, portant trois rapides coups de genou dans ses entrailles, en une succession rapide. Il adora les grognements et les cris de douleur provenant de ce connard. C’était si bon de botter le cul de cet imbécile au nom de Furi que Syn craignait d’être incapable de s’arrêter. L’ex se plia comme un morceau de papier, tombant sur ses genoux, cependant Syn n’était pas encore prêt à y mettre un terme. Il le fixa droit dans les yeux, lança son bras droit en arrière et envoya le coup décisif en plein visage, pratiquement certain d’avoir fait sauter quelques dents, et d’avoir endommagé de manière permanente son nez. L’ex se retrouva sur le dos, protégeant son nez, crachant et grimaçant à la douleur qu’il allait certainement ressentir pendant les prochains mois.
Syn surprit un mouvement à la périphérie de sa vision, mais il s’était préparé à une attaque en traître du beau-frère. Avant même qu’il puisse l’atteindre, Day bougea comme un cobra, de manière rapide et précise, étendant brusquement son bras, le balançant d’un coup sec, atteignant le beau-frère à la gorge. Celui-ci se laissa lourdement tomber, saisissant sa gorge, voulant hurler de douleur, pourtant incapable d’émettre le moindre son. Ses yeux étaient écarquillés sous l’effet du choc tandis que Day le fixait, admirant son œuvre. Puis il se tourna vers son amant, se délectant de l’expression emplie de fierté de God.
Ainsi, c’était donc vrai. Ces deux-là jouissaient réellement dès qu’ils agissaient comme de véritables barbares.
— Cette putain de ville est pleine de brutes épaisses, de salopes de pornos rapaces et d’arnaqueurs. Je vais appeler la police, fulmina l’ex tandis qu’il luttait pour sortir son portable de sa poche.
Si Syn n’était pas aussi en colère, il aurait ri de voir la mâchoire du type se décrocher quand God et Day sortirent leurs badges dorés de sous leurs tee-shirts. Day afficha un sourire sinistre et s’agenouilla devant eux, parlant d’un ton officiel.
— 911, quelle est votre urgence ?
Une fois que le frère fut pris en charge, Syn se concentra sur le problème réel.
— Debout ! grogna-t-il.
Le bâtard leva les mains comme pour parer son approche. Il haleta devant la main tendue et fronça les sourcils à l’alliance en diamants qui brillait à son annulaire. Syn tordit le doigt, le forçant à exposer sa paume vers le ciel, et l’utilisant pour le remettre rudement sur ses pieds, le faisant hurler à l’agonie au passage.
— Furi m’appartient. Si jamais vous l’approchez encore une fois, je ne serai pas aussi gentil qu’aujourd’hui. Il veut divorcer, signez les papiers ou ne le faites pas, je m’en fous, restez juste loin de lui.
Syn refit le mouvement, l’accentuant davantage. Encore quelques centimètres et il briserait son putain de doigt. Il passa une main derrière son dos, pour prendre son Smith et Wesson, son envie d’éliminer ce gars étant très forte.
— Restez loin, très loin de lui. Suis-je bien clair ?
— Assez !
La voix bourrue et distinctive de God le ramena à la réalité.
L’ex cracha un caillot de sang sur le sol. De la morve et de la sueur coulaient sur son visage tandis qu’il épinglait Syn d’un regard qui semblait vouloir dire “très bien, si tu veux Furi, tu peux l’avoir et, en passant, va te faire foutre !”
— Cela me convient.
Syn relâcha la main de l’ex et recula de quelques pas, s’empêchant de faire ce qui risquait de lui coûter sa plaque. Heureusement que God était là. Il était pratiquement certain que l’ex-mari et le beau-frère ne déposeraient pas de plainte auprès de la police puisque Syn les avait interceptés alors qu’ils commettaient une agression, doublée d’une tentative de kidnapping.
— Partez. Maintenant ! Je ne veux plus jamais revoir vos culs pathétiques dans cette ville ou je m’assurerai qu’il n’y ait personne dans les parages pour m’empêcher de faire ce que j’ai vraiment envie de faire.
Syn s’accroupit là où Patrick avait chuté dès qu’il avait relâché sa main et fixa ces yeux gris effrayés. Il tira son badge et le mit sous son nez, profitant brièvement de l’expression interloquée sur ce visage contusionné avant de murmurer sèchement :
— Je sais comment cacher un cadavre. Je vous enterrerai là où personne ne pourra vous sentir.
Aucun des hommes n’attendit pour voir si Syn pensait réellement ce qu’il venait de déclarer. Ils se remirent péniblement sur leurs pieds et vacillèrent dans la ruelle, se tenant l’un à l’autre, sans jeter un seul regard en arrière.
Une fois qu’ils furent hors de vue, Syn releva la tête pour dévisager ses lieutenants. Il savait combien il avait été près de mettre une balle dans la tête de ce connard, parce que tout ce qu’il voyait, c’était ses mains enroulées autour de la gorge de Furi. Il n’avait pas perdu son contrôle depuis longtemps et il se demanda ce que cela signifiait. À quel point ses sentiments pour Furi étaient-ils profonds ?
— Rentre chez toi, dit Day, tapant sur son épaule. Nous nous occuperons du clan des garces hors-la-loi au poste.
— Je peux faire mon boulot, Day, rétorqua sèchement Syn à son patron.
— Nous le savons. Nous laisserons Sasha Pain, alias salope de porno se geler le cul en prison et l’interrogerons dans la matinée, afin de voir s’il existe une connexion entre l’ex-mari et le MEJS.
God inclina la tête.
— Va vérifier comment va ton homme, tu sais pertinemment que c’est là où tu veux être.
Syn était abasourdi. God ne dit rien sur le fait qu’il sortait avec un suspect principal dans une affaire sur laquelle ils travaillaient toujours, ni pour les avoir appelés pour une bagarre où il avait pris sa revanche. En fait, God montrait un peu de compassion. Eh bien… Syn était estomaqué de voir cette nouvelle facette de sa personnalité.
— D’ailleurs, tu ne me serais d’aucune utilité avec une érection qui durerait toute la nuit.
Eeet… il était de retour.
Eh bien, cette compassion aura eu une durée de vie très courte.