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Saute, et espère que le parachute s’ouvrira

 

 

Il était six heures du matin et Syn n’avait pas eu un seul moment pour dormir. Après être resté sur la scène de crime jusqu’au petit jour, Syn, God, Day et Ronowski s’étaient retrouvés dans le bureau du capitaine afin de récapituler tous les détails concernant le meurtre le plus récent. Un autre acteur de chez Illustra avait été drogué, quelqu’un avait mélangé sa propre ecstasy à sa drogue. La scène avait tourné court quand il avait commencé à se sentir malade. Le producteur lui avait recommandé d’aller se reposer sur un des plateaux libres, mais cela n’était jamais arrivé. Maxus Dillion avait été traîné vers l’arrière du bâtiment et sévèrement frappé avec une batte de base-ball au point que ses poignets avaient été brisés.

Ce n’est pas le même modus operandi, leur rappela Syn. Ce qui confirme que nous avons eu la personne qui a tué Starman et les trois autres victimes. Celle-ci ne s’est pas fait tirer dessus, mais elle a été égorgée. Cela signifie qu’il y a quelqu’un d’autre, fort probablement du MEJS, qui suit les pas de Lady Jay.

Je pense que nous devrions obtenir un mandat de perquisition pour Illustra. Pour tout ce que nous en savons, ce pourrait être le propriétaire qui fournit de l’ectasie frelatée, suggéra Ronowski.

Pourquoi diable aiderait-il à tuer ses propres acteurs ? Dillion et Starman rapportaient gros, contra God, de son perchoir au coin de la table du capitaine.

Il pourrait ne pas savoir que la drogue est trafiquée, intervint Day.

God hocha la tête et indiqua à Syn de s’occuper du mandat. Celui-ci donna pour instruction à plusieurs de ses hommes d’aller chercher toutes les femmes qui se trouvaient chez Illustra entre six heures du matin et minuit. Il avait obtenu ces noms de Doug avant de le laisser quitter le commissariat.

Il se trouvait désormais dans le bureau du magistrat, attendant la signature de son mandat. Son esprit revint sur Furious pour la centième fois. Les sentiments qu’il éprouvait déjà pour le bel homme allaient bien au-delà de tout ce qu’il avait pu ressentir à ce jour, même pour Rhodes. Syn retint un grognement lorsqu’il repensa au moment où il avait plongé ses doigts dans les cheveux ultradoux de Furi alors qu’il jouissait dans sa gorge. Il se souvenait que tout son corps s’était tendu et avait été pris de spasmes au plus fort de son orgasme, puis il avait flotté lorsqu’il avait atteint son apogée, revenant doucement sur terre après son instant d’euphorie. Seigneur, merde ! Syn se tortilla sur sa chaise désormais très inconfortable. Son sexe durcissait. Furious déclenchait une faim incontrôlable chez lui. Pour un homme. Syn réalisa soudain combien il avait négligé ses besoins primaires alors qu’il poursuivait sa carrière, et son désir pour un homme. Furi possédait peut-être une longue chevelure magnifique, cependant ses traits fermes et la délicieuse barbe sur son menton effaçaient la moindre trace de féminité. D’autant que tous ces tatouages lui donnaient envie de se mettre à genoux afin d’explorer chaque dessin et le suivre. Il voulait séduire et ravager Furious, tout en désirant apprendre à mieux le connaître.

Syn se demanda s’il avait besoin de faire savoir à ses lieutenants qu’il était désormais impliqué avec un des acteurs d’Illustra, bien que Furi ait indiqué qu’il allait quitter le milieu. Syn adorait les gens qui avaient de l’ambition et qui s’y tenaient. Furi s’était sorti d’une mauvaise situation avec son mari et, au lieu de laisser ces années le détruire, il les avait gérées avec force, travaillant dur afin de réaliser quelque chose pour lui-même. Il pouvait respecter ce genre d’homme. Furious allait devenir propriétaire de sa propre entreprise.

Syn devait résoudre cette affaire et vite. Lorsqu’il avait accepté ce poste, il n’avait pas pensé qu’il pourrait avoir à faire face à autant de cadavres.

Il vérifia de nouveau l’heure sur sa montre et souffla quand il remarqua qu’il patientait depuis quarante-cinq minutes. La réceptionniste leva les yeux de son clavier et lui adressa un petit sourire d’excuse. Il se redressa et sortit dans le couloir afin d’appeler Furious. Les policiers chargés d’effectuer des rondes avaient déjà téléphoné pour l’informer qu’il n’y avait eu aucune activité suspecte pendant la nuit. Il avait poussé un soupir de soulagement après leur rapport. Il ne laisserait pas Furious être blessé, surtout s’il pouvait l’en empêcher. Il se fit une note mentale de demander au magistrat, en guise de faveur, une ordonnance restrictive à l’encontre du mari de Furi.

Son portable bourdonna contre sa hanche. En parlant du…

Hey, toi, répondit doucement Syn, la voix déjà emplie de désir d’avoir pensé à cet homme.

Hey, toi-même. Comment ça se passe ?

La voix profonde et sexy de Furi était comme du beurre fondu sur un morceau de baguette fraîche : parfaite.

Tout va bien, lâcha-t-il dans un petit soupir.

Tu parais épuisé, Syn.

Sa poitrine se serra à la note d’inquiétude contenue dans la voix de Furi. Et, bien entendu, le son de son nom sur ses lèvres lui donna le sentiment qu’il était important pour lui.

Ouais. Je suis un peu fatigué, mais cela va de pair avec le boulot. Tu vas bien ? As-tu des nouvelles ?

Mon avocat dit que mon ex a appelé son bureau, afin de menacer sa vie. Pas la mienne. Je suppose qu’il garde ça pour le grand final.

Syn pouvait discerner la pointe de nervosité.

Je veux que tu obtiennes une ordonnance restrictive. Je me fiche de la procédure habituelle que suit ton avocat. Je ne veux pas que ce gars puisse t’approcher.

Syn se morigéna pour utiliser un ton aussi autoritaire. Avait-il réellement le droit d’exiger quelque chose de lui ? Il le connaissait à peine. Ils n’avaient fait que se tourner autour depuis un moment. Et si Furi essayait d’attirer l’attention de son ex en se servant de lui ? Et si Furi voulait lui donner une autre chance, histoire de voir si le gars avait changé ?

Hey, toi ! lança à nouveau Furi. Je peux entendre ton esprit tourbillonner d’ici.

Ce n’est rien, souffla Syn.

Tu sais quoi ? Je m’en fous !

Es-tu occupé ce soir ?

Je travaille sur mon examen final, après ça, je suis libre.

La voix de Furi devint plus grave quand il demanda :

As-tu quelque chose à l’esprit, Syn ?

Celui-ci lança un rapide coup d’œil dans le couloir afin de s’assurer que personne ne venait avant d’ajuster son début d’érection, gémissant dans l’appareil.

Mmm… très bien. Je sais déjà ce que tu as en tête. Bien, parce que c’est dans la mienne aussi. J’ai fantasmé sur ta queue dans ma bouche toute la foutue matinée.

Furious ! grogna Syn.

Je suis juste là. Dis-moi ce que tu veux, Syn.

Il hésita. Furious ne plaisantait pas. On y était : l’heure de vérité. Bon sang ! Suis-je prêt pour baiser avec un homme ? Il avait regardé des pornos gays, il connaissait les bases… et c’était tout. Il n’avait couché qu’avec des femmes, et que Dieu lui vienne en aide, il désirait tellement prendre Furious jusqu’à ce qu’il crie avec cette voix grave.

Tu m’as fait attendre trop longtemps, Syn. Sommes-nous sur la même longueur d’onde ou pas ?

Le ton de Furious était ferme et décidé, provocant un nœud dans le ventre de Syn et dresser son sexe.

Ouais, nous sommes sur la même page, murmura-t-il.

Bien, envoie-moi ton adresse par message.

Syn se tenait au milieu du couloir, paraissant perdu. Sa bouche était entrouverte afin d’aspirer un peu plus d’oxygène. Il avait l’impression de suffoquer. Il voulait que Furious soit auprès de lui, là, tout de suite. Ses longs cheveux pendant devant son visage, le fixant droit dans les yeux, appuyant leur front l’un contre l’autre pendant qu’il empoignait ses hanches, le forçant à bouger. Ses yeux sombres plongeant dans…

Syn ! cria Furi, le faisant sursauter et pratiquement lâcher son appareil.

Il se racla la gorge.

Oui, je suis là.

Donne-moi ton adresse, maintenant !

Sergent Sydney, votre mandat est prêt, indiqua une voix, provenant du couloir.

Il jeta un coup d’œil vers le bureau du magistrat et vit la petite secrétaire qui se tenait là, tenant le papier dans sa main. Syn couvrit son téléphone et la remercia.

Furi, je t’envoie mon adresse.

Très bien. Je serai là pour vingt heures.

Il marqua une pause et Syn écouta le silence.

Et… Syn…

Ouais ?

Tiens-toi prêt.

Furi raccrocha.

Syn lança son poing vers le plafond, loin au-dessus de sa tête.

Merde ! Suis-je prêt ? Bordel ! Je ne l’étais pas avec Rhodes… et il est parti.