Furi était assis à l’arrêt de bus, attendant le prochain passage. Après avoir appelé le frère de Doug, alias son avocat pour son divorce, et lui avoir donné son feu vert pour faire délivrer l’assignation à Patrick, il pensait qu’il serait malade et effrayé, alors qu’en définitive, il se sentait plutôt bien. Il n’aurait plus à s’enfuir et à se cacher désormais. Furi tenait les rênes de sa vie, pouvant la vivre et la diriger comme il l’entendait.
Il lui restait encore trente minutes avant que le bus arrive quand son portable vibra dans sa poche. L’écran lumineux lui indiqua que c’était Mack. Merde ! Furi envisagea de ne pas répondre pendant quelques secondes avant de prendre l’appel.
— Ouais ? répondit-il, sachant déjà ce que Mack voulait.
— Hey, Furious ! C’est Mack. Je suis vraiment désolé d’avoir à te téléphoner dans un moment pareil. Dean a une séance live programmée aujourd’hui, mais il a été convoqué par la police pour interrogatoire.
Furi l’entendit lâcher un long soupir frustré.
— Je sais que tu n’en fais pas habituellement, toutefois, personne d’autre n’est disponible. Tu ne verras pas et n’entendras pas la cliente. Tu n’auras qu’à agir comme si c’était un solo. Tout ce que tu auras à faire c’est de te masturber. Joe sera au téléphone avec la cliente et si elle veut que tu fasses quelque chose de spécifique, il te l’indiquera. La paie est bonne. Quand nous avons tenté d’annuler, elle a offert cinq cents dollars de plus si nous trouvions un remplaçant.
Furi soupira d’ennui. Il était déjà prévu pour un solo le lendemain et il était foutrement certain de ne pas se sentir assez bien pour enregistrer deux jours de suite. Je suis en contrôle.
— Tu sais quoi, Mack ? Je suis censé faire mon solo demain. Du coup, je ferai d’une pierre deux coups.
Il pouvait pratiquement sentir les vertèbres de sa colonne se remettre en place. Plus personne ne lui dirait quoi faire désormais. Sa suggestion risquait d’être un coup dans l’eau, puisque les shows privés étaient supposés être exclusifs, raison pour laquelle ils coûtaient aussi cher. Bordel, si Mack refusait, Furi n’aurait aucun problème à dire non, également.
Mack restait silencieux, donc Furi patienta.
— Après la fin de ton live, nous devrons ajouter quelques petites choses pour que cela ne donne pas l’impression que nous avons utilisé un film au lieu d’un direct. Peut-être un changement de salle et de vêtements, avec l’ajout de quelques positions. Qu’en dis-tu ?
Furi réfléchit une seconde. Merde ! C’est sept cents dollars et il n’avait même pas à discuter avec la cliente.
— Très bien. Quelle heure ?
— C’est dans une heure. Je peux demander à l’un des gars de venir te prendre.
— Non. Je suis juste à côté. Je dois passer un rapide coup de fil…
Ses paroles s’estompèrent quand il vit une Mercedes foncée surgir du coin de la rue, bien trop lentement. Il plissa les yeux. Les vitres étaient si sombres qu’il ne pouvait pas voir à l’intérieur. La voiture glissait vers lui et sa concentration fut distraite par Mack.
— Alors, nous sommes d’accord, Furi ?
Il n’entendit pas sa dernière question, tandis qu’inconsciemment, il laissait retomber sa main lentement à son côté, tout en gardant les yeux fixés sur le véhicule. Quand la vitre côté passager s’abaissa, il se leva brusquement, se penchant légèrement pour jeter un rapide coup d’œil. Il put discerner les yeux bleus de Sasha et sa chevelure blonde. Elle ricana tandis qu’elle s’arrêtait près du trottoir. Il ne pouvait pas discerner les passagers, présumant juste que c’était d’autres femmes de chez Illustra. Il savait qu’il devait paraître hésitant alors qu’il faisait un timide pas en avant. Il marqua une pause, son cœur ratant un battement lorsque la vitre arrière descendit juste assez pour que quelqu’un glisse une main vers l’extérieur, imitant une arme de son pouce et son index pointés directement vers lui. Il lança brusquement la tête en arrière devant le geste.
— Sasha, c’est quoi ton problème ? siffla-t-il.
Un fort bruit de klaxon le fit sursauter et Sasha s’éloigna rapidement du trottoir, non sans lui jeter un autre regard glacial. C’était de la pure haine Seigneur, Jésus ! Le but se gara à la place que la Benz venait juste de libérer. Furi cligna des yeux pour chasser sa confusion et agita la main vers le chauffeur, lui faisant signe de continuer. Il baissa les paupières vers son portable et vit qu’il était toujours en ligne avec Mack. Il porta rapidement le téléphone à son oreille.
— Mack ! Mack ! Tu es toujours là ?
— Hey, que s’est-il passé ? Es-tu avec Sasha ? J’ai cru t’entendre prononcer son nom.
— Putain, non ! J’attendais le bus et elle a déboulé, agissant comme une folle. Je reviens vers Illustra maintenant.
Furi se douta que le chemin lui prendrait le double de temps pour y retourner.
— Hey, Mack ?
— Ouais ?
— Tu sais, quand j’ai annulé le tournage avec Sasha, il y a quelques jours ?
— Ouais, qu’y a-t-il à ce sujet ? Tu as fâché quatre-vingt-dix pour cent de mes clients.
Furi l’ignora.
— Comment a-t-elle réagi avec Doug ? Ne se sont-ils pas entendus ?
— Doug a offert de prendre ta place, mais je ne l’ai pas appariée avec lui.
Furi ralentit ses pas.
— Avec qui l’as-tu mise ?
— Jake Starman.
Le menton de Furi reposait sur son torse pendant qu’il se tenait, les jambes ouvertes à hauteur d’épaule, les mains posées sur le mur. Il pouvait sentir que la caméra tournait, prenant une bonne vue de l’eau glissant sur ses abdominaux et gouttant de son membre semi-érigé.
— Frotte un peu de savon sur ta poitrine, ordonna Joe.
C’était le coordinateur/directeur des séances en direct. Furi avait été parfaitement clair : il ne voulait pas entendre les voix de la cliente, donc Joe relaierait ses requêtes. Au début, c’était difficile pour Furi de ne pas imaginer la femme au bout de la ligne. Cela ne fit que s’ajouter à la liste sans fin qui tournait dans sa tête : son ex-mari, la mort de Starman, l’école, à peu près tout le reste, ce qui signifiait qu’il devait lutter pour bander. Il n’y avait qu’une seule chose qui pourrait lui permettre de durcir suffisamment afin d’assurer cette scène : Syn ici, avec lui.
Il versa un peu de gel douche dans sa paume et imagina les yeux charbon noir de Syn balayant son corps. Furi utilisa sa main pour retracer chaque muscle que le regard de Syn suivait. Celui-ci s’approcha et passa le revers de sa main sur la longueur du sexe non circoncis de Furi qui se laissa aller à son fantasme. Le bout de son sexe était déjà visible, malgré le prépuce, cherchant à retenir l’attention. Furi put entendre le halètement de Syn quand il tira en arrière toute la peau, exposant une fente qui fuyait.
Lentement, il passa une main sur le torse de Furi, provoquant l’apparition de chair de poule sur ses bras. Il frissonna et serra la base de son érection, montant et descendant la peau à plusieurs reprises, avant de s’arrêter. C’était si bon et pourtant une agréable torture de cesser ses mouvements. Syn lécha son cou et Furi laissa sa tête tomber en arrière afin de donner à ces lèvres douces un accès complet et total. Il frotta son autre main de son corps à son cou, qui était désormais lisse à cause de la langue de Syn. Oh, Seigneur ! Il ouvrit les yeux et la caméra était juste là. Il imagina Syn le fixant du regard. Ses paupières se fermèrent à moitié quand les prunelles embrumées de désir de Syn descendirent sur ses mamelons. Furi sentit les pouces calleux passer simultanément sur les deux pics délicats. Mmm… Bon sang, c’est bon… Il les pinça jusqu’à ce qu’ils deviennent rouges et lui donnent envie de jouir. Syn ne le ferait pas supplier. Il prit sa main, l’enroula autour de son érection dure comme du roc et commença par des mouvements lents et sensuels, faisant glisser la peau à l’aide de son lubrifiant naturel et du gel douche. Syn le retourna brusquement et le poussa durement contre les carreaux en marbre. Furi cambra son dos pour l’éloigner du mur et fixa la petite lumière en dehors de la douche, exposant complètement son cou.
Syn, s’il te plaît… Furi trembla quand sa main s’insinua sous son membre pour tirer sur ses bourses hypersensibles, se crispant déjà contre son corps. Il les massa, les malaxa, les fit rouler lentement dans le creux de sa main. Il se lécha les lèvres, voulant désespérément la bouche brûlante de Syn à cet endroit. Au début, pour les effleurer simplement de son souffle, les réchauffant, avant d’ouvrir grand la bouche pour les gober. Oh, putain… Furi luttait férocement pour retenir son orgasme.
— Elle veut que tu ailles sur le lit, fit la voix grave de Joe, interrompant son fantasme.
Il coupa l’eau, saisit une serviette moelleuse sur le radiateur et essuya nonchalamment l’excès d’eau coulant de ses cheveux, dans son dos. Laisse quelques gouttes d’eau sur toi, tu as l’air sexy lorsque tu es mouillé. La voix profonde de Syn était juste là, expliquant à Furi ce qu’il aimait et il lui répondit. Tout ce que tu désires, bébé. Il s’étira sur le lit king-size, ne prenant pas la peine de tirer la couette. Furi s’inclina lentement comme si Syn venait le retrouver, le scrutant avec attention. Tout son corps était en feu, rien qu’à s’imaginer avec Syn. Si jamais il avait le plaisir de se retrouver en présence du détective sexy, il pourrait souffrir d’une combustion spontanée.
Furi étala ses cheveux sur l’oreiller et écarta largement ses jambes tandis que le caméraman se positionnait directement devant lui.
— C’est ainsi que tu me veux ? demanda Furi, les yeux fixés droit sur l’appareil.
Il parlait à Syn, se le représentant à son bureau, au poste de police, le regardant alors qu’il aurait dû travailler.
— Oui, répondit Joe d’une voix rauque. Fais-toi jouir rapidement, il ne reste que deux minutes.
Je ne vais même pas tenir aussi longtemps. Furi empoigna ses testicules, désirant vraiment faire glisser un doigt plus bas, afin de taquiner son ouverture frémissante… ce qui ne serait probablement pas très bien perçu. Donc, il frotta la zone tendre sous ses bourses, ses hanches ondulant lentement d’avant en arrière. Son autre main commença à s’occuper de l’excès de peau le long de son érection, et il ne fallut pas longtemps avant qu’il ressente des décharges électriques déclencher un incendie dans son aine. Il n’avait même pas besoin du lubrifiant qui était posé à côté de lui, tellement son membre fuyait. Il accéléra le mouvement, gémissant et se tortillant, offrant un beau spectacle à son flic coriace. Je veux te voir jouir pour moi, Furious. Viens et gémis mon nom. Je veux l’entendre sur tes lèvres… Oui, Syn. Avec une jambe relevée, et tombant sur le côté, Furi montra à Syn la meilleure partie de lui. Là où il voulait qu’il vienne, poussant si fort en lui qu’il se sentirait trop plein pour faire autre chose que grogner, lui hurlant de ne pas arrêter. Je jouis pour toi… merde ! Furi se caressa dans un but précis. Il éjaculerait pour Syn, lui montrant qu’il pourrait lui plaire. Il appliqua davantage de pression sur ses bourses, les serrant pratiquement jusqu’à la douleur… une souffrance si agréable. Sa main droite volait le long de son sexe, tortillant la peau autour du gland à chaque fin de geste. Sa tête était inclinée vers l’arrière, le front plissé, luttant contre sa résolution de ne pas insérer deux doigts dans son canal. Il serra les dents, et jura qu’il pouvait sentir la veine de son cou saillir sous le plaisir intense. Bordel ! Je suis sur le point de jouir ! Merde ! Je vais le faire si fort… Il abaissa de nouveau le prépuce, fermant le poing au-dessus du gland, le pressant de manière répétée, l’action obligeant le bout à pulser et à palpiter, ce qui l’amena à céder à son orgasme et Furi se trouva en chute libre. Le premier jet de sperme explosa de sa fente, obligeant son corps à se tordre et l’arrière de sa tête claqua contre l’oreiller. Synnnn… Oui, bébé. Je suis juste là. Tu es si foutrement sexy quand tu jouis. Le sexe de Furi éjacula encore et encore, sa semence chaude atterrissant sur son torse. Il l’étala, montrant à Syn combien il désirait être déluré avec lui. La poitrine de Furi s’éleva et se rabaissa, au même rythme que sa respiration laborieuse. Il frotta lentement la peau de son sexe quelques fois de plus, forçant les dernières gouttes à sortir de son érection, fixant la caméra avec un regard lascif.
— Et… coupez ! cria Joe. Bien joué, mec. Cette fichue cliente haletait tellement fort qu’elle ne pouvait même plus me donner d’autres instructions.
Furi se contenta de hocher la tête, affichant un sourire secret sur ses lèvres. Si Joe ou la cliente savaient ce qui s’était passé dans son esprit… Bon sang, Syn ! Il était tellement repu qu’il avait presque envie de sortir une cigarette pour la fumer, comme s’il se trouvait dans sa propre chambre. J’ai vraiment un problème : je le désire… tellement !
Furi était assis dans le bus, regardant aveuglément par la fenêtre. Le film avait pris beaucoup plus de temps qu’il ne s’y était attendu. Après avoir fait le direct pendant une heure, Mack avait demandé aux producteurs d’installer un nouveau plateau et garde-robe afin de mélanger quelques passages du film pour les ajouter à son solo. Cela avait pris trois heures avant qu’il soit capable de commencer à poser pour quelques prises rapides. Il n’avait même pas le temps de rentrer chez lui, avant le début de son service au pub.
Maintenant que sa béatitude orgasmique s’était dissipée, son esprit tournait à nouveau à plein régime. Il ne voulait pas penser à tous ces fichus problèmes parce qu’il n’avait pas la moindre idée quant à celui qu’il devait aborder en premier : ses examens finaux qui avaient lieu la semaine prochaine ; le risque qu’il prendrait à verser l’intégralité de ses économies afin de signer le bail du garage ; le comportement fou à lier de Sasha ; son profond désir pour un détective “qui est probablement enfermé au fin fond de son placard et qui risque de me briser le cou dans mon sommeil si nous baisons” ; ses futurs ex-mari et beau-frère schizophrènes ; et pour finir, la mort de Starman. Battu et tué par des femmes, merde ! Furi mit ses écouteurs et tenta de noyer ses pensées avec un peu de Green Day tandis qu’il fermait les yeux et s’installait pour le trajet jusqu’au pub.
Il grogna dès qu’il poussa la lourde porte en bois. L’endroit était déjà bondé, occupé par d’odieux étudiants d’université excités. Il sentit soudain une poigne ferme sur son bras, essayant de le forcer à se retourner. Il fit un mouvement brusque pour se libérer, tout en tournant sur lui-même et plongea dans des yeux aussi sombres que la nuit. Merde ! Syn…