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Donc, j’ai été berné

 

 

Furi avait passé une soirée à moitié décente au bar ce soir. Les pourboires étaient bons et il était excité à l’idée de Syn revenant plus tard. Bon sang, cet homme était un vrai sexe sur pattes ! Fort et puissant, cependant plein de besoins et de désirs. Il l’avait aisément poussé contre le mur, ne rencontrant pas la moindre résistance. Furi avait léché et volé chaque murmure et gémissement qu’il avait laissé échapper. Cela l’excitait à n’en plus finir. Syn répondait lui répondait si bien. Furi n’aurait plus à se battre, il caresserait ces muscles, écouterait ses envies. Syn désirait qu’il prononce son nom. Il sourit en y pensant. “Dis mon nom, s’il te plaît”. Furi avait senti le pouvoir de Syn et le lui avait pris. Putain, ouais ! Il en puiserait bientôt davantage. Il ne lâcherait pas son nom avant d’être prêt… ou jusqu’à ce qu’il l’ait mérité.

Furious !

Son oncle le sortit brutalement de ses pensées. Furi nettoyait le même verre depuis cinq minutes.

Quoi ? cria-t-il.

Bon sang, son parent l’énervait au plus haut point.

Ces détectives veulent te parler, siffla son oncle à son oreille. Écoute, je ne veux pas que tu ramènes tes problèmes ici.

Je n’en ai aucun. Je t’ai dit ce que je connaissais le gars qui a été tué, et que j’aurais probablement à faire une déclaration.

Furi enfilait déjà son manteau.

Je reviendrai quand j’aurai terminé.

Tu connaissais le type, hein ? Ou bien tu étais avec lui ?

Son oncle le dévisagea avec scepticisme.

Pourrais-tu être encore plus con ?

Écoute, je t’en ai déjà parlé. C’est à l’école...

Furi refusait de révéler où il avait réellement fait la connaissance de Starman. Sincèrement, cela ne le regardait absolument pas. Son oncle le faisait suffisamment chier, sans ajouter le porno au mélange.

Je déduirai ce temps de ta paie. Et maintenant, je me retrouve à court d’un barman, grommela son oncle.

Eh bien, plus tôt tu me laisseras partir, plus vite je reviendrai, lâcha Furi, passant devant lui.

Il n’adressa pas la parole aux policiers, ne désirant pas que les clients entendent quoi que ce soit. Lorsqu’ils se retrouvèrent à l’extérieur, Furi se tourna et les examina d’un air soupçonneux. Ils ne ressemblaient en rien aux flics qu’il avait pu déjà voir. Un portait un jean, une chemise bleu marine et un manteau en cuir noir usé. Ses cheveux étaient tirés vers l’arrière, pendant jusqu’au col. L’autre mesurait quelques centimètres de plus, faisant aisément plus d’un mètre quatre-vingt-dix. Son jean avait un trou au niveau du genou et son tee-shirt fané à l’effigie de Metallica avait connu des jours meilleurs. Les deux hommes paraissaient avoir la trentaine.

Vous êtes tous les deux des policiers ?

Ouais, répondit le plus jeune en premier. Je suis le détective Green, voici le détective Ruxsburg. Nous devons vous poser quelques questions à propos d’un meurtre qui a eu lieu jeudi soir derrière le bâtiment de votre employeur.

Votre autre employeur, ajouta l’autre flic.

Furi plissa les yeux dans leur direction.

Faites-moi voir vos plaques, détectives.

Les deux hommes fouillèrent leurs poches. Metallica sortit son portefeuille et montra son badge doré, avec « détective » écrit en noir au-dessus du bouclier, tandis que le petit plaisantin soulevait un côté de sa veste, montrant la crosse de son arme à feu et son badge épinglé à sa hanche.

Où est votre arme ? demanda-t-il, se concentrant sur Metallica.

Vous ne voulez pas le savoir, répondit le flic en souriant.

Furi roula des yeux. Finissons-en avec ça. Il parlerait de manière courte et concise. Il ne connaissait pas vraiment Starman, donc il n’avait pas grand-chose à dire. Il répondrait à leurs questions et retournerait au boulot. Il se moquait totalement de ce que ces connards pensaient de sa manière de gagner de l’argent.

Satisfait ? Maintenant, allons-y, déclara le petit plaisantin.

Aller où ?

Furi les dévisagea tous les deux.

Je peux répondre ici à vos questions.

Vous pourriez si nous étions ceux qui vous les posaient, intervint Metallica. Notre sergent et notre premier officier vous interrogeront au commissariat.

Donc, vous êtes les garçons de courses.

Et vous êtes le gars qui fait du porno, rétorqua Metallica. Maintenant, que nous connaissons tous les rôles des uns et des autres, avançons, à moins qu’il n’y ait une raison pour laquelle vous ne vouliez pas venir ?

Furi voulait se débarrasser d’eux, cependant, il les suivit à travers le parking. Il était plutôt content que ce ne soit pas ces types qui l’interrogent, parce qu’il n’appréciait pas du tout leurs attitudes.

Metallica ouvrit la portière arrière d’une berline foncée, lui disant de grimper. Furi monta, accrocha sa ceinture, voulant juste que cela se termine rapidement, afin de revenir avant minuit. Il se demanda de quel commissariat dépendait Syn et s’il aurait dû lui parler de son second boulot. Il ne voulait pas qu’il le découvre par le bouche à oreille ou par une hotline. Peu importe !

Furi se trouvait dans cette petite salle depuis presque une demi-heure lorsque la porte s’ouvrit. Enfin ! Il détailla l’apparence du jeune détective : blond, les yeux bleus avec un visage innocent qui incarnait le rêve de toutes les mères et les fantasmes de tous les gays. Des muscles compacts pouvaient être vus à travers sa chemise blanche et grise. Son jean foncé lui allait bien, surtout au niveau de ses fesses rondes. Furi le contempla de tout son saoul avant de laisser son regard remonter plus haut. Un sourire magnifique étirait de jolies lèvres roses. Bordel, il était beau et, vu la manière dont il le dévisageait, il devait être gay.

Il haussa un sourcil brun clair, qui fut suivi par un petit rire.

Vous aimez ce que vous voyez ?

Oui. Je ne suis pas aveugle. Cependant, je préfère les mâchoires plus prononcées, et quelqu’un d’un peu plus sombre, rétorqua Furi aussitôt.

D’où diable provenait tout cet air bravache ? En général, il n’était pas aussi brusque, mais cela faisait du bien. Il était enfin redevenu lui-même, de la manière dont son père l’avait supplié avant son décès.

Plus fort et plus sombre, hein ? Sans déconner !

L’homme jeta un coup d’œil derrière lui, vers la glace sans tain, souriant largement, amenant Furi à se demander qui se trouvait derrière.

Je suis le détective Ronowski. Je suis le Premier Officier de l’Équipe des Stups basée dans ce commissariat. Merci d’être venu jusqu’ici ce soir.

Eh bien, ce n’était pas vraiment par choix. Je pourrais ajouter que vos garçons de courses auraient bien besoin de prendre quelques cours de charme et de courtoisie, déclara-t-il avec une pointe de venin.

Garçons de courses ? Oh, vous parlez de Green et Ruxs.

Ronowski se mit à rire à nouveau. C’était un son mélodieux qui obligea Furi à s’adosser à son siège afin d’en profiter.

Ces types sont des hommes très doués, peut-être pas en charme, mais certainement au combat au corps à corps. Juste au cas où quelqu’un ne voudrait pas venir de son plein gré… Cependant, je suis certain que vous ne leur avez pas causé de problème.

Aucun. Quoi qu’il en soit, combien de temps cela va-t-il prendre ? demanda Furi, vérifiant à nouveau l’heure sur sa montre.

Bordel !

Vous avez un rendez-vous sur le feu ?

Ronoswki sourit, regardant à nouveau le miroir.

Quelque chose comme ça. Qui est derrière cette vitre ?

Mon patron.

Ronowski lui adressa à nouveau ce sourire sexy.

Eh bien, c’est très amusant, cependant, pouvons-nous avancer ?

Bien sûr.

Le flic ouvrit un dossier fin et feuilleta quelques notes avant de poser sa première question.

Depuis combien de temps travaillez-vous pour Illustra ?

Environ neuf mois.

Furi ne répondrait qu’aux questions nécessitant une réponse directe. Il n’avait pas le temps de préciser sa pensée.

Vous savez pourquoi nous vous avons demandé de venir ici, non ?

Ouais, parce que Starman a été tué.

Furi secoua la tête. Cela le rendait toujours triste de le dire à haute voix.

C’est exact. À quel point le connaissiez-vous ?

C’était une simple connaissance. Quand j’étais là-bas pour tourner, je le croisais lorsqu’il terminait ou commençait une scène.

A-t-il mentionné d’éventuels problèmes qu’il pourrait avoir ?

Non. Je n’ai jamais beaucoup discuté avec lui, et lorsque nous le faisions, c’était généralement à propos de mes tatouages ou des siens. Nous n’avions pas grand-chose en commun, je suppose. Starman était un homme à femmes, et je suis attiré par les hommes.

Il se mit à rire sans humour.

L’avez-vous vu prendre des drogues ?

Non.

Et vous ?

Ronowski avait un sacré bon visage de joueur de poker, parfaitement impassible. Il ne savait pas ce qu’il attendait de lui.

Non, jamais. Parfois, les acteurs prennent de l’ecstasy ou du Viagra, mais je n’ai rien ingurgité, ni vu Starman le faire. Comme je l’ai dit, je n’ai pas tourné avec lui.

Je vois que vous n’avez pas fait de films avec des femmes. Toutefois, comment vous entendez-vous avec elles ?

Furi réfléchit à cette question. Il devait dire la vérité. Il n’était pas très populaire auprès d’elles pour l’instant.

Je pensais bien m’entendre avec elles. Elles agissent de manière légèrement plus hostile avec moi dernièrement.

Comment ça ?

Comme des furies entre autres. Le propriétaire d’Illustra, Mack, essaie toujours de me faire tourner une scène avec une femme. Je continue de refuser. Je ne peux pas et ne veux pas avoir de relations sexuelles avec une femme. Aucune quantité de Viagra ne me permettra de rester dur assez longtemps.

Ro éclata à nouveau de rire, hochant la tête, comme s’il comprenait.

La dernière offre que Mack m’a faite, était de tourner un film avec Sasha Pain. Eh bien, il y a eu un certain manque de communication, car toute l’équipe a cru que j’allais le réaliser. J’ai entendu dire qu’elle avait posté des commentaires à ce sujet sur son site web.

Ro écrivait rapidement pendant que Furi parlait.

Je ne suis pas sur les médias sociaux, cependant, on m’a dit qu’elle avait fait des commentaires forts peu élogieux lorsque la scène a été annulée. Je vais être franc, je viens juste de découvrir aujourd’hui qu’au lieu que ce soit mon ami Doug qui prenne ma place, Mack avait fait appel à Starman. Je pense qu’elle était vraiment énervée. Après moi, pas après Starman.

Ronowski poursuivit.

Donc, vous ne faites que des solos.

Furi ne savait pas si c’était une question ou une constatation, donc il n’ajouta rien.

Attendez-vous de voir si Illustra finira par ouvrir une branche pour des films gays également ?

C’est quoi ce genre de question ? En quoi cela a-t-il quelque chose à voir avec le meurtre de Starman ?

Bon sang, non ! Je me fous de savoir ce qu’Illustra fera à partir de maintenant. J’arrêterai d’ici quelques semaines. Doug et moi allons enfin ouvrir notre propre garage. Je fais ce qui est nécessaire pour gagner ma part d’argent afin de couvrir les coûts de démarrage.

Furi trouvait que les questions étaient totalement hors sujet. Si ce détective le draguait, il était prêt à retourner au pub.

Avez-vous d’autres questions à propos de Starman, parce que je dois vraiment y aller.

Bien sûr ! Où étiez-vous la nuit où Starman a été tué ?

Le sourire aimable de Ronowski avait disparu, remplacé par une expression sérieuse.

J’étais chez moi, avec mon ami, Doug. Je l’ai appelé vers vingt heures environ, nous nous sommes enivrés et endormis.

Ronowski écrivit cette information et poursuivit :

Connaissez-vous quelqu’un qui aurait pu vouloir tuer Starman ?

Non, personne. Je ne parle pas et ne traîne pas avec ceux de chez Illustra, à l’exception de Doug.

Une dernière question. Pourquoi votre mari a-t-il rempli un dossier auprès du service des personnes disparues, vous concernant ?

Furi sursauta avant de pouvoir s’en empêcher. Merde ! Désormais, il était véritablement énervé. Il avait tous les droits de quitter Patrick de la manière dont il l’avait fait. Il passa ses mains dans ses cheveux, tirant sur les pointes, serrant les dents.

Mon mari est un fils de pute violent. Quand il ne me donnait pas de coups, cela ne le dérangeait pas de laisser son frère m’en balancer, juste pour s’amuser. Alors, j’ai attendu qu’il soit hors de la ville et je me suis tiré de là. En quoi cela a-t-il quelque chose à voir avec Starman ?

Rien du tout !

Furi eut le souffle coupé au son de la voix de Syn. Il entra dans la pièce, donnant l’impression qu’il allait frapper Ronowski. Était-ce lui derrière cette vitre pendant tout ce temps ? Connard !

Allons-y, Furious.

Syn se tenait à la porte, lançant un regard noir en direction de Ronowski.

Ne désirez-vous pas contacter votre mari ? poursuivit celui-ci, ignorant le coup d’œil de son supérieur.

Furi se retourna, près de la porte.

Peu importe. Il l’a déjà été… avec les papiers du divorce.

Il quitta la pièce à grandes enjambées, traversa le commissariat et se retrouva dehors. Il savait que Syn était derrière lui, bien que ses pas soient légers, il pouvait sentir sa présence. Il était tellement en colère qu’il voulait se retourner vers Syn et lui envoyer son poing en pleine figure. Cela signifiait que, désormais, le flic savait tout sur lui, sur son mari, sur ce qu’il faisait pour gagner un peu plus d’argent, sur chaque putain de détail. Il lui avait repris le peu de contrôle qu’il avait sur sa vie. Fait tout à fait impardonnable.