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Mon nom est Syn

 

 

Syn traversa tout le parking et monta dans son véhicule avant de faire une pause pour prendre quelques inspirations profondes. Il avait complètement perdu la boule là-bas, ayant même balancé un “allez vous faire foutre” à son capitaine. À quoi diable pensais-je ?

Un test… Un putain de test ! cria-t-il à personne en particulier.

Il démarra son pick-up Chevrolet, sortant rapidement du parking. Il avait besoin d’évacuer un peu la pression. Il était toujours crispé et son corps lui faisait mal partout.

Syn se gara sur le trottoir, devant le pub, qui se dressait de l’autre côté de la rue où se trouvait son appartement. Il avait vu différents types y venir et en sortir durant les derniers jours et il pensait que ce serait un bon endroit pour se payer un petit remontant. Cela faisait assez longtemps.

Il vérifia son téléphone portable afin de s’assurer qu’il était réglé sur vibration. En tant que membre d’une équipe d’intervention, il devait être disponible et joignable vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept. Il glissa son portefeuille et son badge dans sa poche arrière, puis glissa son arme dans le creux de ses reins. Il attrapa sa vieille veste en cuir sur la banquette arrière et sortit. Après avoir observé le parking une dernière fois, il se dirigea vers le petit pub. Un rapide coup d’œil aux alentours lui indiqua que les clients avaient l’air amicaux, du moins suffisamment, et que la porte arrière n’était pas bloquée… C’était un endroit où il pourrait traîner pendant quelque temps.

Le long comptoir en bois contenait seulement une demi-douzaine de clients, la plupart des autres étant installés dans de petits box, alignés le long du mur, et d’autres se tenaient près des tables entourant une minuscule piste de danse. La musique jouée était du rock classique – Dieu, merci !

Syn prit un siège à l’extrémité du bar, la place lui permettant d’observer toute la salle. Une habitude de flic. Il étudia la multitude de bouteilles d’alcool alignées sur le mur lumineux installé derrière le bar et essaya de se choisir un poison pour la nuit.

Que puis-je vous servir, Sport ?

Le jeune barman lança une serviette devant lui et cala ses deux mains sur le bois poli. La tête de Syn se tourna vers la voix masculine et il plongea dans des yeux aussi noirs que les siens. Le gars paraissait être en fin de vingtaine/début de la trentaine, peut-être. Il portait un tee-shirt noir moulant avec le logo du bar dessus et un jean qui tombait bas sur ses hanches étroites, à peine retenu par une ceinture cloutée noire. Une chaîne en argent pendait en travers de son bassin et disparaissait dans sa poche arrière.

Syn ne répondit pas pendant quelques secondes et remarqua que les sourcils foncés du gars se relevèrent, d’un air interrogateur. Le barman passa ses doigts dans ses longs cheveux bruns, coinçant une mèche derrière une oreille qui contenait deux anneaux en argent et un clou. Ce fut à cet instant que Syn remarqua les tatouages le long des deux bras musclés et les motifs finement ouvragés qui sortaient du col de son tee-shirt pour s’enrouler autour de son cou. Était-ce la queue d’un dragon ou celle d’un serpent ? Il ne pouvait pas le déterminer avec certitude.

Voulez-vous quelques minutes supplémentaires ou désirez-vous voir un menu ?

Syn sortit de sa rêverie et se racla la gorge avant de parler.

Euh… Donnez-moi une Bud Light pour commencer.

Compris. Désirez-vous un menu ?

Non, merci.

Syn observa l’homme marcher vers l’autre bout du bar afin d’aller chercher sa bière. Il te rappelle simplement quelqu’un. Rien de grave. Relax !

Il tenta de ne pas fixer le barman. Tous ces foutus tatouages… la manière dont son cul tendait son jean… la façon dont ses cheveux se balançaient en même temps que ses mouvements. Ils avaient l’air épais et doux, raides sur le dessus, les longues mèches formant des vagues en dessous de ses épaules. Il était svelte, mais pas maigre ; musclé sans l’être outrageusement.

Syn se retourna et scruta la piste de danse. Il y avait deux femmes – manifestement ivres – se trémoussant de manière séductrice l’une avec l’autre, offrant un véritable spectacle. Aerosmith jaillissait des haut-parleurs, une chanson à propos de faire l’amour dans un ascenseur. Hmm… il y en a un dans mon immeuble. Il était plus de vingt-deux heures désormais, l’heure pour les gens d’envisager si oui ou non ils allaient rentrer chez eux seuls ou accompagnés… Syn espérait la dernière option. “J’aime tout ça, jusqu’à ce que je m’écrase sur le sol”.

Et voilà, Chef.

Tattoo posa sa bière devant lui.

Quel est son problème avec les putains de surnoms ?

Je m’appelle Syn, grommela-t-il, avant de prendre une grande gorgée de sa bière.

C’est vrai ?

Syn vit que Tattoo lui adressait un sourire sexy et un regard qui disait “j’aime ça” avant de s’éloigner pour s’occuper d’un couple assis à quelques pas de là.

 

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Syn… Voilà qui paraît obscène.

Furi essaya de se concentrer sur les clients qui venaient juste de s’installer, cependant, il aurait aimé s’attarder et en apprendre davantage sur l’homme intense qui se tenait au bout du bar. Il était certain que le gars était hétéro, toutefois, il lançait des regards intéressés dans sa direction. Il tenta de ne pas en tirer trop de conclusions hâtives. Les gens le dévisageaient tout le temps. Les jeunes s’extasiaient sur ses tatouages, les femmes voulaient jouer avec ses cheveux et les hommes désiraient son cul ferme… les gays, du moins et quelques-uns qui ne l’étaient pas. Il ne parvenait pas à déterminer ce que Syn était. Furi aimerait bien découvrir ce qu’un sourire ferait à ses traits, entourés par tout ce délicieux chaume noir. Manifestement, il n’appréciait pas les surnoms, mais Furi voulait voir s’il pouvait réussir à énerver Monsieur Bien Trop Sexy.

Hey, Furious, c’est l’heure pour toi de partir, non ?

Furi ignora son oncle et termina de préparer une Margarita pour la femme et un rhum-coca pour son partenaire.

Et voilà ! Dois-je vous apporter le menu ?

Lorsqu’ils refusèrent, Furi retourna vérifier comment allait son client préféré.

Vous en voulez un autre, mon pote ? demanda-t-il avec un sourire narquois.

Je m’appelle Syn.

La profonde voix veloutée traversa le ventre de Furi pour atterrir droit dans son aine. Toute sa personne hurlait “je suis un mâle”. Ses larges épaules et sa poitrine ferme étaient visibles à travers son fin tee-shirt gris. Cependant, il ne parvenait pas à les voir correctement de sa place derrière le bar, et il était certain que ses cuisses étaient musclées et assez puissantes pour servir de casse-noix. Syn passa une main dans ses cheveux noirs mi-longs, les relevant avant de retomber et de partir dans toutes les directions. Ce geste permit à Furi de remarquer qu’il y avait un serpent à l’aspect dangereux, d’au moins quinze centimètres, tatoué sur l’avant-bras de Syn. Hmm… parfait ajustement. Il est certainement venimeux. Un prédateur qui pouvait attaquer et tuer lorsque vous vous y attendiez le moins. Furi se pencha un peu plus près, sans oser trop l’envahir non plus.

Ouais, vous m’avez déjà dit votre nom, mais j’ai demandé si vous vouliez un autre verre ?

Furi passa à son tour une main dans ses cheveux et regarda Syn suivre le mouvement de ses yeux sexys et noirs.

Non. Ça va. Merci.

Pas de problème.

Furi lui lança un clin d’œil et claqua des dents.

Eh bien, je m’en vais.

Il entendit Syn grogner en guise d’au revoir tandis qu’il se retournait pour attraper sa veste en cuir cachée sous le comptoir. Ensuite, il récupéra ses pourboires dans le pot posé près de la caisse et murmura quelques mots à Candy, la barman qui ferait la fermeture. Il l’embrassa sur la mâchoire, s’attardant juste un peu, faisant tout un spectacle uniquement destiné à Syn.

Au revoir, Furi.

Elle se tortilla et couina joyeusement au contact de sa mâchoire non rasée contre sa peau lisse.

Enfilant sa veste, tournant le dos à Syn, il s’assura de balayer ses longues mèches afin qu’elles retombent sur le cuir noir. Il aurait pu jurer pouvoir sentir ces yeux, couleur charbon noir, le traquer à travers le bar, cependant, il refusa de se retourner pour vérifier.

Au revoir, Syn.

Cet homme à l’extrémité du bar était exactement le genre de gars qui vous attirait dans son lit le soir, vous baisait à vous faire perdre la tête, avant de vous virer comme un malpropre le matin suivant, parce qu’à la lumière du jour, il n’était pas gay. Furi connaissait trop bien ce genre de types. Tandis qu’il marchait sur le trottoir, jusqu’à l’arrêt de bus, son sang se glaça aux souvenirs horribles de l’année dernière alors qu’il allumait une Marlboro et attendait le bus suivant. Il n’avait pas besoin de déterrer de vieilles histoires hideuses pour se remettre l’esprit d’aplomb… il avait une scène à tourner, tôt dans la matinée.