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Vomissement verbal

 

 

Sasha Pain était une femme incroyablement belle. Elle était assise de l’autre côté de la froide table en métal, les fixant, d’un air choqué et apeuré.

Ronowski avait déjà amené Shelia McIntyre, également connue sous le nom de Sasha Pain à confesser avoir conspiré avec Lady J afin de commettre un ou plusieurs meurtres et avoir acheté de l’ecstasy frelatée pour droguer ses collègues masculins. Il avait obtenu tout ça avant même qu’ils arrivent au bureau. Syn adressa à Ro des félicitations par un tapotement dans le dos, tandis qu’ils se dirigeaient vers leurs locaux.

Bon travail, mec. Vraiment beau boulot, lança-t-il en souriant.

Ro plissa les yeux, lui adressant un regard étrange, comme s’il essayait de comprendre ce qu’il y avait de différent chez lui.

Quoi ? lâcha nerveusement Syn.

Il ouvrit la porte de leur large espace, remarquant que la plupart des membres de l’équipe attendaient déjà leurs directives. God et Day listaient des noms sur le tableau blanc. Il se laissa tomber dans son fauteuil, trifouillant quelques dossiers posés sur son plan de travail. Ronowski s’appuya sur le côté de sa chaise, le fixant des yeux. Syn lâcha un soupir exaspéré, essayant de dissimuler le gloussement qui menaçait de sortir, avec un grand sourire.

Pourquoi me regardez-vous comme ça, Ro ?

Celui-ci lui adressa un sourire.

Aucune raison, vous paraissez juste… euh… je ne sais pas… heureux, je suppose.

Oh, il l’est ! cria Day à travers l’espace spacieux.

Merde ! Nous y voilà. Syn savait que Day ne pourrait pas garder la bouche fermée.

Sarge est très heureux même.

Day se retourna pour le dévisager.

Il est littéralement sur un petit nuage, n’est-ce pas, Sarge ?

Il lui adressa un clin d’œil exagéré et Syn eut beaucoup de mal à résister à son envie de vider sa corbeille sur le bureau de son supérieur. Il se contenta de se détourner de lui.

Ro laissa à Syn un peu d’espace et revint sur leur affaire.

Mademoiselle Pain n’est pas contre les hommes… enfin, pas autant que certaines de ces filles du MEJS. Elle a admis avoir essayé d’effrayer Furious sur la route avec sa voiture, mais déclare qu’elle ne l’aurait pas heurté.

La voix de Ro était lourde de sarcasme.

Conneries ! intervint Syn.

Du calme, Syn. Nous allons la coincer, dit God, venant vers eux. Et que dit-elle maintenant ?

Ro releva la tête pour dévisager le lieutenant qui se dressait pratiquement au-dessus de lui. Syn pensa qu’il se tenait bien plus près qu’il n’était strictement nécessaire afin de poser ses questions. En fait, il était si proche que Ro aurait pu poser sa tête sur la poitrine de God s’il l’avait voulu, mais… peu importe.

Elle est effrayée pour l’instant et souhaite coopérer, indiqua Ro.

Veut-elle nous donner des noms pour les dealers d’ecstasy ? demanda Syn.

Il n’y a qu’un seul moyen de le savoir, intervint Day, ramassant le dossier alors qu’il se dirigeait vers la porte.

Ils descendirent vers les salles d’interrogatoire, où l’avocat de Sasha discutait tranquillement avec elle. Les quatre hommes remplirent la petite pièce et les doigts de Syn le démangeaient de les poser sur cette elle. Il n’avait jamais frappé une femme de toute sa vie, il avait été bien élevé, c’était un homme d’honneur, toutefois, il voulait la secouer comme jamais. Sasha avait besoin qu’on lui inculque un peu de bon sens. Elle les examina tous tandis qu’ils prenaient place.

Quand pourrais-je sortir de cette pièce ? J’ai passé toute la matinée ici.

Quand nous en aurons terminé, répondit sèchement Syn.

Ma cliente n’a pas été officiellement accusée et elle est ici depuis quarante-huit heures.

Je ne serais pas si impatient à sa place. Votre cliente a déjà avoué, indiqua Ro, assis juste en face de la petite avocate. Nous établirons bientôt la liste des charges. Cependant, nous devons parler avec vous concernant l’endroit où vous avez acheté les stupéfiants empoisonnés. Nous pourrions alors être en mesure de vous obtenir un bon marché avec le procureur si vous nous donniez les informations concernant le dealer d’ecstasy.

Ro tapota doucement la main tremblante de Sasha.

Si vous coopérez, Mademoiselle McIntyre, le procureur acceptera probablement de vous laisser plaider pour homicide involontaire avec votre véhicule, plutôt que tentative de meurtre.

C’est Lady Jay qui a tué tous ces types, pas moi ! En fait, j’ai essayé de l’arrêter. Je n’ai pas tenté de tuer Furious, j’essayais seulement de l’effrayer. Il m’a humiliée !

Des larmes se mirent à couler sur les joues de Sasha. Syn avait du mal à croire à la facilité avec laquelle certaines personnes pouvaient justifier leurs mauvais comportements. Pourquoi les gens pensaient-ils qu’enfreindre la loi n’était pas si grave ? Cette femme ne pouvait quand même pas être aussi stupide.

Il tenta de ne pas grogner, cependant lorsqu’il songea à ces phares se précipitant vers Furi l’autre nuit, il avait du mal à contrôler sa colère.

Épargnez-nous les larmes, princesse. Personne n’y croit ici, pas même votre putain d’avocat.

Excusez-moi, sergent Sydney. Mais, je ne…

La ferme !

Syn leva une main afin d’interrompre la tirade malvenue de l’avocat. Il n’était pas d’humeur à l’entendre.

Donnez-nous le nom du dealer de “X” ou vous serez dans la merde jusqu’au cou. Voyez les choses comme ça : puisque vous êtes tellement anti-queues désormais, là où vous irez, il y aura une foutue pénurie.

Sasha se mordit la lèvre inférieure pendant que son avocat murmurait quelque chose à son oreille.

Je peux vous donner le nom du mari de Furi. Il m’a payée pour que je lui file les adresses de son lieu de travail et de son domicile, parce qu’il est après lui. Je pense qu’il lui veut du mal. Il a promis aux autres filles du MEJS qu’il aiderait Lady Jay si elles lui accordaient une faveur.

Nous avons déjà pris soin de ce connard. Je me fous totalement de lui.

Syn entrelaça ses doigts, posant ses bras sur la table.

Je ne parviens pas à comprendre pourquoi vous étiez d’accord d’infliger tout ceci à Furious alors que c’est le seul gars qui ne vous a jamais baisée. Votre petite clique de merde revendique le fait d’être contre les hommes qui maltraitent les femmes, et le seul qui a refusé de vous baiser, vous cherchez à vous venger de lui. Pourquoi ? Parce que vos amis sur Facebook se sont moqués de vous lorsqu’il a décliné l’offre de tourner avec vous ? Vous le vouliez et il ne vous aurait jamais touchée.

N’essayez pas d’agir comme si vous me connaissiez ou comme si vous compreniez ce que je pense, siffla Sasha.

Je pige très bien comment vous fonctionnez. Je suis celui qui murmure à l’oreille des putes, cracha aussitôt Syn.

Il savait déjà qu’il était allé trop loin lorsque les mots franchirent ses lèvres, toutefois, cette traînée avait essayé de blesser quelqu’un qui était très important pour lui. Alors, qu’elle aille se faire foutre !

L’avocat de Sasha haleta, son visage devenant cramoisi. Elle lui lança un regard noir, empli de colère.

Dois-je demander à votre capitaine de venir ici, puisque vos lieutenants semblent ne rien vouloir faire concernant votre comportement répréhensible ? Cela va bien au-delà de tout interrogatoire auquel j’ai pu assister. Ma cliente n’a pas à rester assise ici et à être tournée en ridicule à cause de sa profession, sergent Sydney.

Syn laissa échapper un rire incrédule.

Profession ? Sérieusement ? Quel est son putain de diplôme ? Une licence ès salopes ?

Sergent ! Sortez, tout de suite !

Le soudain hurlement de God surprit tout le monde, toutefois Syn s’y attendait. Il était émotionnellement impliqué dans cette affaire et cela lui causait des ennuis. Il leva les yeux et vit God lui indiquer de sortir de la pièce avec lui. Day se leva également. Bordel ! Il n’ajouta pas un seul mot. Il ouvrit juste la porte à la volée, la faisant claquer derrière lui.

Ils se tenaient tous les trois dans le couloir. Syn allait tenter de s’excuser devant ses lieutenants pour sa conduite inappropriée, lorsque God lui coupa l’herbe sous le pied.

Pas un putain de mot ! Je sais que tu en pinces vraiment pour ta première queue et tout, cependant, tu ferais mieux de reprendre ton foutu contrôle et je veux dire, tout de suite ! Je ne tolèrerais pas tes maudites crises de colère lors de mes interrogatoires, Syn.

Le grognement sourd de God était intimidant.

Attends une minute, God, intervint Day, d’une voix calme et apaisante. Ne penses-tu pas qu’il serait plus juste d’entendre sa version de l’histoire ?

Très bien. Quelle est sa foutue version ? aboya God, ses yeux verts étincelants de colère.

Tout le monde se tut. Syn se gratta l’arrière du crâne. Les sourcils de Day se froncèrent sous l’effet de sa concentration, manifestement aucun d’entre eux n’était capable de concocter une excuse qui soit suffisamment valable pour cautionner la rage de Syn. God attendait impatiemment, un sourcil haussé.

Très bien, finit par lâcher Day. Retour dans ton camp, God.

Ce n’est pas le moment pour faire le malin, Day.

God ramena son attention sur Syn.

Malgré les insultes que tu as vomies à cette femme, tu ferais mieux d’espérer qu’elle souhaite toujours nous parler, parce que si je rate la chance de choper ce dealer, tu verras ce que cela fait lorsque je me mets vraiment en colère. Puis, je m’en prendrai à ton cul, Syn, et pas de la manière dont tu aimerais.

God fit demi-tour et retourna dans la pièce, sans laisser à Syn le temps de dire un seul mot.

Celui-ci passa une main dans ses cheveux, tirant sur les mèches du dessus.

Bordel ! Jai merdé, lâcha-t-il, entre ses dents serrées. Je suis désolé, Day.

Son boss continua d’observer la salle à travers la vitre sans tain. God et Ro recommençaient à négocier avec Sasha, après s’être excusés du comportement de Syn. Il adressa une prière silencieuse de remerciements que leur suspecte accepte encore de discuter d’un éventuel marché. Syn laissa tomber son menton sur son torse. Il sentit la main de Day serrer son épaule.

Ne t’en veux pas trop, Syn. Nous sommes tous passés par là, murmura-t-il, ses yeux fixant toujours Ro qui écrivait toutes les informations nécessaires pour leur prochain assaut. Rentre chez toi, nous en avons terminé ici. Réunion de stratégie, demain matin à 07.00 pétantes.

Je n’ai pas besoin de rentrer chez moi, Day. Je vais bien, argumenta-t-il.

Son lieutenant se tourna enfin vers lui.

Syn… Rentre chez toi. Ce n’est pas une requête. La peur d’avoir presque perdu quelqu’un dont tu te soucies, puis la possibilité de t’en prendre à son attaquant est une opportunité difficile à laisser filer. Bois un petit remontant, va au lit, et règle le problème. Nous gèrerons tous les détails dans la matinée.

Syn se retourna pour partir. Avant qu’il atteigne le coin du mur, Day le rappela.

Hey, Syn !

Ouais ?

— “L’homme qui murmure à l’oreille des putes” ?

Il se mit à rire de bon cœur.

C’est trop classique, mec !

Syn ne put retenir son regard vicieux. Il laissait ça à Day. Il se retourna et se dirigea droit vers les portes arrière, ne se sentant pas vraiment d’humeur à croiser quelqu’un qui l’arrêterait pour faire un brin de causette. Lorsqu’il se retrouva enfin dehors, il réalisa qu’il était venu avec God et Day.

Bordel !

Il revint dans son bureau et attrapa un jeu de clefs sur le tableau, prenant un des SUV de l’équipe. Il signa rapidement et retraversa précipitamment tout le bâtiment. Il ne s’arrêta pas et ne respira pas jusqu’à ce qu’il déboule sur N. Decatur Boulevard, conduisant vers Emory Point. Il avait besoin de Furi.