Furi était toujours euphorique après sa croisière de minuit en compagnie de Syn, cependant, cela n’empêchait pas qu’il lui manquait comme un fou. Ils étaient restés sur le pont supérieur jusqu’au lever du soleil, allongés dans les bras l’un de l’autre, sur le canapé moelleux, savourant leur nouvel amour. Furi aurait aimé ne pas quitter le yacht, cependant la vie ne s’arrêtait pas à cause de l’amour. Il avait du travail à faire au garage, notamment entraîner certains membres de son équipe et Syn était parti pour Augusta, ce matin, afin d’appréhender l’homme suspecté de vendre de l’ecstasy infectée.
Cela ne faisait que deux jours, mais Furi était impatient de revoir Syn, de l’embrasser, de lui faire l’amour. Le flic l’appelait chaque soir et chaque nuit, ils se masturbaient ensemble. Quand Syn l’avait contacté à deux heures du matin, après avoir découvert le téléchargement que Furi avait installé sur son portable, il avait cru que son amant s’était fait mal après avoir joui aussi fort. Il lui avait envoyé le film de sa dernière branlette chez Illustra. Celle dans laquelle il avait pensé à son détective pendant tout le temps. Furi gémissait dans l’appareil tandis que Syn regardait la vidéo. Lorsqu’il était arrivé à la partie où il avait fixé directement la caméra et avait demandé “c’est ainsi que tu me veux ?” Il lui avait indiqué qu’il s’adressait à lui. Syn avait aussitôt perdu les pédales et il n’avait fallu à Furi que quelques frictions pour jouir en même temps que lui.
Il était dans la lune, divisant ses pensées entre Syn et la moto de son père exposée sur une plateforme dans la vitrine. Il se souvenait de tout le temps qu’ils avaient passé à reconstruire chaque pièce ensemble. Des gens avaient déjà frappé à la porte, demandant combien il en voulait, toutefois c’était le seul engin de l’endroit qui n’était pas à vendre.
— Hey, Furi. Tu veux aller manger un bout ? cria Doug, à travers le magasin.
— Ouais, bonne idée, répondit-il.
Pendant qu’ils dégustaient leur poulet au restaurant préféré de Doug, ils discutèrent des détails de dernière minute concernant l’inauguration, devant avoir lieu dans quelques semaines. Le garage se mettait gentiment en place. Ils avaient fini par embaucher deux secrétaires parce que les carnets de commandes et de rendez-vous se remplissaient rapidement.
Furi s’essuya la bouche, réalisant que Doug le dévisageait.
— Quoi ?
— J’ai demandé à Cel de m’épouser, répondit-il, avec un grand sourire.
— Bordel de merde ! aboya Furi.
— Ouais, mec. Putain, je l’aime comme un fou.
Doug se mit à rire.
— Honnêtement, je ne sais pas pourquoi j’ai attendu aussi longtemps.
Furi savait exactement ce qu’il éprouvait. L’amour planait tout autour d’eux.
— Je suppose que, d’après le sourire que tu affiches, elle a répondit “oui”.
— Bien sûr ! se moqua Doug.
Furi leva les mains en l’air, en signe de défense.
— Okay, okay, c’était juste pour être sûr.
— Et ce n’est pas parce qu’elle nous a obtenu une énorme marge de crédit avec la banque pour notre affaire non plus. Elle me soutient dans tout ce que je fais, mec. Elle veille toujours sur mes arrières, tu sais ? Foutrement douce, jamais exigeante et accaparante comme beaucoup de filles. C’est une travailleuse acharnée, intelligente, pourtant elle n’a pas peur de me laisser être l’homme dans notre relation. C’est le genre de femme que tu ne laisses pas passer, expliqua sérieusement Doug. De plus, ma mère et elle sont inséparables, mec !
— Eh bien, tout est pour le mieux alors. Si ta mère l’aime, c’est à ce moment-là que tu sais que tu as le ticket gagnant, plaisanta Furi.
Celine était une fille phénoménale et elle aimait réellement son meilleur ami. Lorsqu’elle leur avait offert de leur obtenir le crédit afin de s’assurer qu’ils obtiennent tout ce dont ils avaient besoin pour le garage, Furi l’avait étreinte sur le champ, manquant de peu d’écraser la petite femme. Elle ne croyait pas seulement en Doug, mais en eux deux, et pour cette raison, il l’aimait également.
— Alors, avez-vous déjà fixé une date ? demanda-t-il, avalant les dernières gouttes de son délicieux thé trop sucré, provocateur de diabète.
— Au printemps de l’année prochaine. Elle veut le faire sur la plage, ou quelque chose comme ça, avec une petite cérémonie sur l’eau, juste avec la famille et les amis proches.
— Pas mal, mon pote. Cela semble parfait.
— Accepterais-tu d’être mon témoin ?
Furi ne répondit pas. Il dévisagea son meilleur ami pendant de longues secondes avant de se lever et Doug savait ce qu’il voulait faire. Il le saisit et le serra contre lui, juste là, au milieu du restaurant. Il embrassa Doug sur la joue, avant de reculer.
— Putain, ouais ! J’en serai honoré.
Ils se rassirent, ignorant totalement quelques regards perplexes.
— C’est bien au témoin du marié d’organiser l’enterrement de vie de garçon, non ? demanda Furi, avec un sourire diabolique.
— Merveilleux ! J’ai un gay pour s’occuper de mon enterrement de vie de garçon. Je suis vraiment impatient…
Doug secoua la tête.
Furi commença à chanter faux, agitant sa serviette au-dessus de sa tête.
— It’s raining men, hallelujah, it’s raining men. Ouais, ouais !
Ils riaient toujours, alors qu’ils se dirigeaient vers la voiture de Doug.
— Hey, viens boire un verre avec moi quand nous aurons terminé, pour fêter ça.
— D’accord. Je suis censé retrouver Syn chez lui ce soir, mais il ne rentrera pas de bonne heure. Que dirais-tu d’aller chez mon oncle ?
— Cool.
Doug ne voulait pas l’admettre encore, mais Furi savait que son meilleur ami admirait Syn. Ils avaient pris un mauvais départ, cependant ils finiraient bien par s’entendre. Ils devaient apprendre à s’accepter mutuellement parce que ces deux hommes faisaient partie de sa vie et ils étaient aussi importants l’un que l’autre. Doug désirait seulement que Furi soit en sécurité et Syn devait le comprendre. Lorsqu’il avait raconté à Doug l’instinct de protection dont avaient fait preuve les collègues de Syn, il avait été soulagé qu’ils ne soient pas aussi crétins que lors de l’interrogatoire concernant Illustra. Doug acceptait petit à petit l’idée qu’il soit avec Syn.