Syn accrochait sa ceinture de sécurité, tandis que God conduisait comme un dément à travers les rues de la ville. Il se trouvait désormais sur l’autoroute, roulant à plus de cent-soixante kilomètres/heure.
— Si le type est déjà mort, pourquoi se précipiter, Cash ? grommela Day, n’appréciant manifestement pas la conduite sportive non plus.
God ignora ses passagers, s’écartant sur quatre couloirs, faisant une queue de poisson à un dix-huit roues, manquant de peu la barrière de sécurité alors qu’il empruntait la bretelle de sortie à cent-dix.
— Tu as vraiment le pied lourd, non, lieutenant ? siffla Syn à travers ses dents serrées.
God laissa échapper un grognement tandis que ses yeux verts attrapaient le reflet de Syn dans le rétroviseur intérieur.
S’il te plaît, regarde la putain de route !
— Tu sais ce qu’il y a d’autre de vraiment lourd, Sydney ? ironisa God.
— Oh, laisse-moi deviner… lança-t-il, pince-sans-rire.
— Ouais, mes putains de couilles. Alors, assieds-toi et ferme-la.
— J’approuve, renchérit Day d’un ton neutre. À propos des couilles… pas sur le fait que tu doives la fermer, Syn.
— Tais-toi, Day ! grommelèrent God et Syn à l’unisson.
God prit un virage serré à droite et s’engagea sur N. Peachtree Highway.
— Tu sais, je suis tout à fait capable de me rendre sur une scène de crime seul. J’apprécie que tu fasses le chauffeur, mais ce n’est pas nécessaire.
— C’était l’idée de Day, rétorqua God.
— Nous superviserons la division des narcotiques. Nous devrons présenter un front uni quand nous nous approcherons du site. Les inspecteurs de la criminelle ne vont pas apprécier que nous prenions la relève, indiqua Day, ajustant le volume de la radio de police installée sur le tableau de bord du véhicule de God.
Un opérateur notifia un 10-32, soit la présomption de la présence d’un suspect armé sur Puttmans Head Road, qui se trouvait à seulement trois rues de là où ils étaient. God appuya des deux pieds sur la pédale de frein. Si Syn n’avait pas mis sa ceinture de sécurité, il aurait certainement eu un important mal de tête après avoir heurté de plein fouet l’arrière du siège de Day. Il se cogna à nouveau lorsque God fit un virage à 180 ° à son énorme voiture au beau milieu de la rue, se dirigeant, sans aucun doute, vers Puttmans.
Suspect d’environ un mètre soixante-sept ou soixante-dix, de type caucasien, portant des vêtements sombres. Agir avec prudence, indiqua la voix de l’opérateur à travers la radio.
— Putain, que se passe-t-il ? demanda Syn, tirant son Glock de son étui et abaissant la sécurité.
God descendit les vitres, tous les hommes étaient en état d’alerte maximum désormais. Syn ne prit pas la peine de reposer sa question, puisqu’il semblerait qu’il n’allait pas recevoir de réponse.
— Cash, ralentis, murmura Day, éteignant également la radio.
Tout était étrangement calme dans la rue sombre. Il était plus de minuit, les résidents de Peachtree City étaient rentrés chez eux pour la nuit. Day scrutait la rue et Syn suivit son regard. Là, il y avait un homme qui marchait vite, les deux mains enfoncées dans les poches de son pantalon baggy noir, la capuche sombre relevée. Syn le vit leur lancer un coup d’œil tandis que God l’approchait lentement par-derrière. Syn et Day gardèrent leurs armes pointées vers le bas, attendant de voir ce que l’individu allait faire.
— C’est un fugitif, déclara tranquillement Syn.
— Je crois que tu as raison, concéda Day.
God débloqua les portes et se gara près du trottoir. Le gars fit semblant de ne rien remarquer, mais avança plus vite, gardant la tête baissée.
— Excusez-moi… cria Day.
Le type l’avait certainement entendu, cependant, il l’ignora.
— Monsieur, pourriez-vous arrêter de marcher, nous aimerions vous dem…
Day n’eut pas le temps de poser sa question avant que le suspect fasse brusquement demi-tour, tirant sa main de sa poche, un objet brillant devenant visible. Merde ! Ils baissèrent tous les trois la tête. Sachant exactement ce que l’individu tenait, God remit les gaz et braqua brusquement le volant vers la gauche, les faisant tourner sur eux-mêmes. Un seul coup de feu fut tiré dans la nuit, la balle semblant atteindre l’arrière du pick-up. De lourds bruits de pas provenant de bottes de style militaire leur indiquèrent que le suspect était en fuite, s’éloignant rapidement d’eux. Day et Syn sautèrent du véhicule, de manière presque synchronisée et lui donnèrent la chasse.
Day était rapide, toutefois Syn n’avait aucun problème pour se maintenir à son niveau. Il entendit le crissement des pneus de God et était certain qu’il allait contourner le bloc pour tenter de couper la route de leur fuyard.
— Stop ! Police d’Atlanta ! hurla Day et le suspect redoubla d’efforts pour les distancer.
Le gars tenait toujours son arme à la main et Syn la voyait, courant toujours. C’était une zone résidentielle, il ne voulait pas que le type se mette à tirer, les balles risquant de pénétrer une maison et d’atteindre un innocent.
L’individu armé coupa à travers un jardin, sautant par-dessus une barrière. Day et Syn accélèrent leur vitesse et bondirent au-dessus de la palissade, comblant rapidement la distance. L’homme était passé par-dessus une autre clôture, se retrouvant de l’autre côté de Puttmans Street, quand il se retourna et leva son arme dans leur direction.
— À terre ! cria Syn tandis que Day et lui se jetaient tous les deux sur le sol.
Trois coups de feu retentirent.
Les balles sifflèrent près de lui et Syn jura. Il entendit le turbo puissant du moteur de God s’emballer, puis le bruit strident des pneus glissant sur l’asphalte. Ils restèrent plaqués au sol, jetant un rapide coup d’œil près des arbres disséminés un peu partout dans le jardin. Le tir suivant résonna comme un coup de tonnerre. Cette fois, il provenait du Desert Eagle de God, amenant Syn à respirer plus rapidement, tendu par l’anticipation d’un autre tir de ce foutu canon.
— Day. Sydney, appela la voix profonde de God.
Son inquiétude pour son amant s’entendait clairement dans son ton.
Syn et Day sautèrent la barrière et trottinèrent vers le coin de la rue.
— Bon sang, cette vue me fait bander, déclara Day en toute franchise.
God était penché à travers la vitre, ses deux armes énormes toujours dans les mains, de la fumée s’élevant d’un des canons. Le suspect était à genoux, les deux mains croisées derrière la tête. Syn poussa un soupir de soulagement que God n’ait tiré qu’un coup de semonce. Il ne désirait aucunement voir les dommages que l’arme de son lieutenant pouvait causer dans la poitrine d’une personne, voire même s’il resterait quelque chose de ladite poitrine.
Day s’approcha de la portière de God et Syn vit que les deux policiers se dévisageaient mutuellement, sans parler. God rentra ses armes dans l’habitacle du véhicule, ses yeux errant sur tout le corps de Day, s’assurant qu’il était effectivement indemne.
— Je suppose que c’est à moi de menotter notre suspect pendant que vous les gars, vous avez votre “moment”, déclara sèchement Syn.
Il remit ses pistolets dans leurs étuis et releva le type afin de le palper. Il tira ensuite ses bras en arrière et les menotta dans son dos. Puis, il abaissa la capuche du gars et fut sidéré par les longs cheveux qui vinrent avec. Bordel de merde ! C’est une femme !
— Euh… les gars ?
God et Day se tournèrent pour regarder Syn et remarquèrent le détail en même temps. L’expression de leurs visages disait tout. C’est quoi ce bordel ? La femme était remarquablement belle. Malgré les vêtements trop larges, les tapotements de Syn lui apprirent qu’elle possédait un corps à couper le souffle.
Day s’avança et se tint immobile devant elle, l’étudiant avec curiosité. Syn bougea afin de se positionner à côté de lui. Bien que le bruit de sirènes puisse s’entendre, God indiqua un 10-26 à la radio, informant le central que le suspect avait été arrêté et il donna leurs coordonnées pour qu’un véhicule de patrouille vienne le chercher. Puis, il sortit du véhicule et Syn remarqua que l’air bravache de la jeune femme s’effrita à sa vue.
— Alors, pourquoi as-tu tiré sur nous, GI Jane ? demanda Day.
La femme leva le menton, le fixant d’un air plein de défi. Syn comprit qu’il pouvait aussi bien la mettre en état d’arrestation et lui réciter ses droits dès à présent.
— Que transportes-tu ? intervint God.
— Va te faire foutre ! cracha-t-elle avec colère.
Day sourit en les regardant.
— Tu l’as bien fouillée ? demanda-t-il à Syn, attendant une réponse.
— Ouais. Elle a dû se débarrasser de son arme avant de tourner au coin de la rue. Elle n’a rien, en dehors de ça.
— Hmm… hmm…
Day la dévisagea de nouveau.
Syn savait que son collègue était un observateur, un profiler. Il remarquait le langage du corps, les manières, les détails que, bien souvent, les gens ignoraient. Il était évident qu’il avait vu quelque chose que Syn et God n’avaient pas noté. Il observa Day bouger jusqu’à ce qu’il soit pratiquement au-dessus de la jeune femme. Elle le fixa, droit dans les yeux pendant plusieurs secondes, avant de laisser échapper un soupir exaspéré, de danser d’un pied sur l’autre et de rouler des yeux vers la droite.
— Ouais, elle transporte quelque chose, déclara-t-il avec confiance.
Il s’accroupit et palpa les nombreuses poches de son pantalon, puis se releva, lui adressant un sourire.
— Oh, tu vas vraiment me faire aller là ?
Deux véhicules de patrouille s’arrêtèrent, suivis de près par deux autres, toutes lumières allumées, baignant le voisinage d’une lueur rouge et bleue. Syn fut heureux de ne pas avoir détourné son attention de son lieutenant. Day ouvrit la fermeture éclair du sweat-shirt noir, releva le débardeur également noir au-dessus de la poitrine plantureuse et passa rudement une main sous un sein, puis sous l’autre. Il en tira un petit sac en plastique, plein de pilules bleues estampillées d’un dauphin.
Syn jura en lui-même pour ne pas l’avoir fouillée plus attentivement. Il aurait dû s’en douter.
Day gloussa.
— Les femmes ont les meilleures cachettes possible.
— T’en as bien profité, sale connard ? cracha-t-elle.
Son accent et sa manière de parler apprirent à Syn qu’elle venait du Nord, Neward dans le New Jersey, Brooklyn peut-être ou encore le Queens de New York. Elle se tortilla afin de s’éloigner de Day, mais God arriva rapidement, agrippant fermement sa nuque. Elle siffla à sa poigne.
— Putain, calme-toi !
Le regard dur de God lui indiqua que c’était son dernier avertissement.
— Je suis sûr que tu en as profité plus que moi, sexy lady, déclara Day, se moquant déjà de l’accent du nord de la femme.
Elle retroussa les lèvres avec colère tandis qu’elle était poussée de force vers l’arrière d’une voiture de patrouille.
God donna pour instruction au policier de l’emmener au poste, puis dans une cellule de détention jusqu’à ce qu’il soit prêt à l’interroger. Il précisa avec sévérité que personne ne devait la questionner, sauf lui. L’officier hocha la tête en guise d’agrément et remonta dans son véhicule.